ANARCHRISME !

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Anarchisme chrétien

ANARCHISME CHRETIEN, CHRISTIANISME LIBERTAIRE.

Le grand romancier russe Tolstoï, dans la seconde partie de son activité intellectuelle, a essayé de concilier le christianisme ou plus exactement les enseignements donnés par Jésus de Nazareth (ou à lui attribués) avec l’anarchisme ou absence d’autorité gouvernementale, considérée sous sa forme la plus évidente et la plus brutale : la violence.Il n’est pas difficile de trouver dans les livres sacrés des chrétiens, particulièrement dans ceux appelés Évangiles, des paroles qui semblent faire de Jésus une sorte de révolutionnaire mystique, de révolté religieux mis au ban de la société de son temps. Il prêche parmi les déshérités, les en marge du milieu social d’alors, il se plaît en la compagnie des péagers et des gens de mauvaise vie, il s’entoure de personnes appartenant à la classe la plus basse, voire de prostituées, etc., il soulève tout ce monde contre la façon d’enseigner et de se comporter du clergé juif, hypocrite, machiavélique, avide de pouvoir spirituel et temporel comme le sont tous les clergés dans tous les temps. On peut voir en Jésus une sorte d’anarchiste qui finit par succomber au cours d’une lutte trop inégale, mais sans un geste de soumission ou de rétractation, ni devant le grand prêtre Caïphe, symbole du pouvoir ecclésiastique, le dogme — ni devant le roi Hérode, symbole du pouvoir civil, la loi — ni devant Pilate, symbole du pouvoir militaire, le sabre.Tolstoï considérait comme base de la doctrine chrétienne : la non résistance au mal par la violence. Jésus n’a pas seulement commandé à ceux qui le suivaient d’aimer leur prochain comme eux-mêmes (Ev. selon Matthieu, xxii, 39), il leur a prescrit de ne point résister au méchant ou au mal (id., v, 43), en opposition à l’antique précepte judaïque œil pour œil, dent pour dent. C’est sur cette « non résistance au mal par la violence » que s’étaye tout le tolstoïsme. Les conséquences qui en découlent sont incalculables, car, pratiquement, la non résistance se traduit par la résistance passive, c’est-à-dire le refus d’obéissance aux ordres de l’Etat impliquant emploi de la force ou de la violence, la non coopération aux services publics dans lesquels il entre sous une forme ou sous une autre de la coaction ou de l’obligation. La grève générale pacifique rentre dans le cadre de l’activité tolstoïenne, etc.Bien que publiquement et en privé (il me l’écrivit personnellement) Tolstoï se déclarât « anarchiste chrétien » il se montrait volontiers opposé à la création d’un mouvement tolstoïen organisé. Le tolstoïsme était surtout pratique individuelle. C’est individuellement que les tolstoïens refusaient le service militaire, de prêter serment devant les tribunaux, d’envoyer leurs enfants aux écoles de l’Etat, de payer l’impôt, etc. Les noms suivants nous viennent sous la plume : le refuseur de service militaire tchèque Skarvan ; l’ex-juge anglo-indien Ernest Grosby ; Vladimir Tchertkoff le confident de Tolstoï, et Paul Birukoff, son traducteur, Boulgakoff, son secrétaire ; les Anglais Aylmer Maulde, Arthur St. John, John C. Kennworthy ; les Américains Clarence S. Darrow et Bolton Hall ; l’ex-pope Ivan Trégouboff, combien d’autres Russes, dont Pierre Vériguine, le « conducteur » des Doukhobors, tous se sont efforcés, par la plume, la parole ou le geste, de répandre et de propager le tolstoïsme.Il convient ici de faire remarquer que les « Doukhobors » russes et les « Nazaréens yougo-slaves » sont antérieurs à Tolstoï. Les Doukhobors ont eu une influence sur Tolstoï, Tolstoï les a influencés, mais le « doukhoborisme » est en marge du tolstoïsme.

C’est en Hollande qu’on s’est préoccupé de donner à l’anarchisme chrétien un programme condensant les idées tolstoïennes, éparses ça et là. Vers 1900, Félix Ortt et le groupe rassemblé autour de lui publièrent un journal hebdomadaire Vrede (La Paix) et des brochures comme Christeljk Anarchism (Anarchisme chrétien), Denkbeelden van een Christenanarchist (Pensées d’un anarchiste chrétien), De weg te geluk (la voie du bonheur), Liefde en Huwelijk (Amour et mariage). Dans le même temps, de mon côté, je publiais l’Ère Nouvelle, paraissant moins régulièrement mais où je me tenais en contact avec les différents représentants de l’activité tolstoïenne, les colonies anarcho-chrétiennes, les Doukhobors, etc.

Le n°1 de la septième année de Vrede (1903) contient sous la signature de Félix Ortt un manifeste anarchiste chrétien, que voici :

« Anarchiste chrétien veut dire : 1° disciple du Christ ; 2° négateur de toute autorité (extérieure).« Est disciple du Christ quiconque cherche en toute droiture à vivre selon l’esprit du Christ, n’importe la secte à laquelle il appartient ou le dogme auquel il se rattache. Vivre selon l’esprit du Christ, c’est :« Aimer Dieu de toute son âme, autrement dit : rechercher l’amour parfait et la sainteté parfaite, y tendre.« Aimer son prochain comme soi-même, et la mise en pratique de cette règle de vie est incompatible avec toute convoitise, toute domination ou, si l’on veut, tout égoïsme. Dans la réalité, « chrétien » et « anarchiste » sont synonymes.« Pierre, les apôtres, étant chrétiens, étaient anarchistes, c’est ce qu’indique leur réponse aux injonctions des autorités : « il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». Et, de même, l’anarchie, la délivrance de toute autorité, ne sera possible que lorsque l’amour régnera dans la conscience humaine, c’est-à-dire lorsque les hommes vivront selon l’esprit du Christ.« Il va sans dire qu’une foi basée sur la Bible n’est pas nécessaire pour atteindre ce but. Un disciple de Bouddha ou de Lao-Tsé (Confucius), un hindou, un israëlite, un musulman, un athée qui recherche la perfection pour lui-même et l’amour pour le prochain, celui-là vit dans l’esprit du Christ.« Les paroles de Bouddha : « Subjuguez la méchanceté par la bienveillance, le mal par le bien », procèdent du même esprit que celles de Jésus : « Mais je vous dis, moi, de ne pas résister au méchant ».« Lao-Tsé disant : « Celui qui vainc les autres est fort, mais celui qui se vainc lui-même est tout-puissant », fait montre d’une recherche de la sainteté semblable à celle que Jésus indiquait par les mots : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Les deux esprits sont les mêmes.« Deux disciples de cet esprit-là ont exprimé en deux phrases les aspirations de ceux qui ne se satisfont pas de la théorie ni des bavardages, mais qui veulent mettre leurs théories à l’épreuve et traduire les paroles en actes, les voici :« L’amour n’est l’amour que lorsqu’il se donne lui-même en sacrifice ». (Tolstoï).« N’aimons pas par nos paroles et avec notre langue, aimons par nos actes et en vérité ». (Saint Jean).« Dans le langage courant, cela veut dire : « Ne pactisons pas plus longtemps avec l’oppression capitaliste ou de la propriété — le meurtre de nos semblables ou le militarisme — les jugements iniques ou les tribunaux — l’alcoolisme ou la dégradation physique — la prostitution ou l’amour vénal — le meurtre des animaux (carnivorisme, chasse, vivisection, etc.). En un mot, rompons avec tout ce qui fait souffrir n’importe quelle créature dans le simple but de nous assurer à nous-même une jouissance passagère quelconque. »

Ces déclarations résument (à quelques nuances près) le christianisme libertaire ou anarchisme chrétien, tel qu’on l’entend ordinairement.Dans un numéro ultérieur de Vrede (9 janvier 1904), F. Ortt est revenu sur certaines questions controversées parmi les tolstoïens. Ainsi, il déclare monstrueuse l’idée de devoir demeurer toute sa vie avec une femme à cause de rapports sexuels accidentels. L’union durable ne peut résulter que de l’amour vrai, autrement dit l’aspiration à l’unité. Vivre avec un être à l’égard duquel on ne ressentirait aucune affection véritable, ce serait attenter à la signification de cette phrase qui résumait pour Jésus toutes les relations sociales : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » — Ne résistez pas au malin, admis comme un dogme, présenterait un caractère très dangereux. D’ailleurs, on voit dans l’épître de Jacques (iv, 7) les premiers chrétiens conseiller de « résister au Malin (l’esprit du mal) », condition pour s’en débarrasser. Peu importe qu’on interprète par Malin l’homme méchant ou le mal lui-même, ce que ces paroles et d’autres nous enseignent, c’est de résister, mais sans haine au cœur, sans rendre le mal pour le mal, c’est-à-dire ne jamais agir par vengeance, ne jamais oublier que quiconque fait du mal est sous l’empire de l’ignorance et le traiter comme tel.

Il existe encore actuellement aux Pays-Bas une Union anarcho-communiste religieuse, basée sur des directives analogues, qui possède un organe à elle et dont l’activité est spécialement orientée vers le refus de service militaire. — E. Armand.

(in Encyclopédie anarchiste, dir. Sébastien Faure, 1925-1934)

https://fr.wikisource.org/wiki/Encyclop%C3%A9die_anarchiste/Anarchisme

Ave Gaia

Ave Gaia

Je te salue, ô Terre, pleine de grâces, le Soleil est avec toi, tu es bénie entre tous les astres, et la Vie, fruit de tes entrailles, est bénie. 

Terre sacrée, Mère de toute Vie, soutiens nos pas et les voies de tous les vivants, maintenant et jusqu'à l'heure de notre mort. 

Amen.

Eden Ecologie ?

"Si vous observez attentivement les croyances, vous voyez que l'environnementalisme est en fait une parfaite remouture, au XXe siècle, des croyances traditionnelles et des mythes judéo-chrétiens. Il y a un Eden originel, un paradis, un état de grâce et une union avec la nature, il y a une chute de la grâce dans un état de pollution pour avoir consommé de l'arbre de la connaissance, et à la suite de nos actions il y a un jour du jugement à venir pour nous tous. Nous sommes tous pécheurs en matière d'énergie, condamnés à mourir, à moins que ous cherchions le salut, qui est maintenant appelé la durabilité. La durabilité est le salut dans "l'Eglise" de l'environnement. Tout comme les aliments biologiques sont sa consommation eucharistique, cette nourriture sans pesticides que consomment les personnes bonnes qui ont les bonnes croyances."

MIchael Crichton, "Environmentalism as Religion"

Conversation :

- Déjà lu quelque part cette citation. Facile. On a fait ça avec le communisme aussi, avec le nazisme, avec… Tu prends la même phrase, avec prolétariat, société sans classe, race supérieure, peuple élu…, ça a été fait mille fois ad nauseam. Ce n'est pas entièrement faux d'ailleurs, mais c'est un peu comme la rivalité mimétique de Girard : l'abus nuit à l'us... Je l'ai moi-même fait mille fois quand j'étais christianocentrique. Et l'écologie bouddhique ? ça marche aussi ?

- C'est normal que ça se répète, il n'y a qu'un Dieu et beaucoup d'idoles qui cherchent à le singer. Ca ne veut pas dire qu'il faut arrêter de les débusquer. Communisme, nazisme, précise. Par exemple, à quoi on communie ?

- Monothéisme, monomanie… A la classe, à la race… Lire Voegelin etc. Et au meurtre et au sacrifice bien sûr, comme dans toute religion qui se respecte…

- "Le besoin d'idoles chez l'homme est tellement fort qu'il vient à en tailler dans le bois de la vraie croix" (Thibon) Plus les générations se suivent, plus on tend vers l'Antéchrist, et plus les idoles ressembleront positivement à Dieu (à ce qu'il a créé de beau, de bien, de bon, à la Nature notamment). Point de vue d'un chrétien, les athées ne sont pas obligés d'adhérer.

- Merci. Seules les huîtres adhèrent, comme disait Valéry. Même au bois de la croix, pour reprendre ton point de vue christianocentré. Dieu est une idole parmi d'autres, il est même l'Idole par excellence, et la Foi est la plus grande idolâtrie qui soit, la plus fanatique... Toujours ce même christianocentrisme délirant qui s'exprime dans ces citations - Crichton, Thibon, Chesterton…, Apollinaire encore, "les christs inférieurs des obscures espérances", etc., cette façon de ramener tout le temps à soi, égocentrisme permanent et délirant, forme embrassante (et embarrassante ) de fanatisme et d'ethnocentrisme. Comme si le monde tournait autour de la croix… Il faut sortir un peu : il y a d'autres peuples, d'autres religions, d'autres mystiques, d'autres philosophies, d'autres pensées, d'autres histoires, d'autres récits, d'autres mythologies… Je ne renie d'ailleurs pas la mythologie chrétienne qui est constitutive de notre identité européenne et je pense qu'il faudrait l'étudier à l'école - la Bible notamment - avec nos autres mythologies et pensées fondatrices - la mythologie et philosophie grecque notamment. Mais s'ouvrir aussi aux autres pensées, religions, philosophies, et admettre surtout qu'elle puisse échapper au christianisme, ne pas chercher à les faire entrer de force dans le christianisme. Rimbaud avait bien saisi et balayé d'un trait ce réflexe autocentré des chrétiens : "Les gens d'Eglise diront : "C'est compris."' Eh bien justement non, ce n'est pas compris, et c'est bien ce que Rimbaud a écrit et montré toute sa vie et par sa vie. Rimbaud échappe toujours, aux gens d'Eglise compris, car ceux qui disent "c'est compris" n'ont précisément rien compris - ces demi-habiles. Tout est mystère, la part du mystère dans l'humain, dans la vivant, dans l'univers est bien plus grande que ce que veulent admettre les croyants et religieux de tout poil qui veulent un schéma explicatif totalisant et unique - ce en quoi il y a bien une parenté entre religion et idéologie comme "religion séculière" mais pas forcément dans le seul sens où l'entendait Voegelin mais au sens marxien également des religions comme idéologies totales et totalisantes. J'ai été aussi libéré de la facilité du "tout-idolâtrique" dans laquelle j'ai aussi tant donné quand j'étais chrétien. Tu peux aussi citer Chesterton, "les idées chrétiennes devenues folles", " l'homme qui ne croit plus en Dieu croit en n'importe quoi", etc., ad nauseam - j'ai déjà donné ! Quand tu sors de ce point de vue christianautiste totalisant (totalitaire ?), tu es vraiment libéré de sacrés œillères - ça doit faire un peu la même chose de cesser d'être musulman, ou juif… Après je ne suis pas antichrétien, je suis chrétien moi-même, de valeur, de culture, chrétien agnostique, athée, tolstoïen… Chrétien ouvert, chrétien bouddhiste et taoïste comme François Cheng, chrétien panthéiste, naturaliste, spinoziste… Bref, pas chrétien diront les catholiques, les dogmatiques... Mais tu es toi-même dans la tentation asiate, bouddhiste, taoïste, shinto… Même si le christianisme est ta culture, ta religion, ta foi… Ton côté "Dieu par la face Nord". J'ai toujours été dans cette tentation - j'y suis entré, j'y ai succombé, et je m'en porte très bien - bien mieux même ! Quelques années de crise de foi où j'ai tenté de me raccrocher, puis j'ai lâché prise… les mains ouvertes... (devant toi Seigneur ?😁) Je suis devenu quasi bouddhiste lors de mon premier séjour en Himalaya en 1999 et ça m'est toujours resté depuis. J'ai toujours dit depuis que la véritable grande alternative religieuse - qui me travaillait - était entre bouddhisme et christianisme - plutôt que d'alternative, je parlerai plutôt de synthèse, Jésus Bouddha d'Occident, façon taoïsme christique de François Cheng. J'étais chrétien bouddhiste, priant avec mes enfants saint Josaphat, et gandhien, me voici bouddhiste chrétien... Je sais que tout cela te travaille aussi. La voie du sabre, du thé, du pinceau, du vide...

- JP Roux dit que s'il n'avait pas été chrétien, il aurait été zoroastrien. Oui, je reste christocentré, mais de moins en moins latino-romano-centré. La formulation occidentale du Christ, pas n'être pas moins vraie, est réductrice et sans doute inadaptée à une bonne partie du monde, gommant les richesses séculaires des traditions orientales. Le travail de sape des jésuites... Mais j'ai bcp aimé le dernier livre de Grousset, "Bilan de l'Histoire", écrit juste avant sa mort, pcq il fait une synthèse de l'histoire mondiale et des grandes traditions, qu'il conclue par un acte de foi (chrétien) absolument bouleversant.

- Je ne suis plus christocentré : je pense que Jésus a vécu et montré comment vivre dans son contexte religieux autant que possible dans l'Ouvert, dans l'ouverture au mystère qu'il nomme Père. En ce sens je reste chrétien, ou libre disciple du Christ, mais aussi bouddhiste, taoïste, jaïn, spinoziste… Je trouve que les Eglises comme toutes les religions organisées ont tendance à refermer ou du moins resserrer l'ouverture même si elles sont travaillées par la tension entre fermeture (humaine trop humaine) et ouverture (l'Esprit - qui souffle où il veut, le Tao, etc.) et à figer l'ouverture de leurs fondateurs dans une posture trop dogmatique, figée, fermée. Jésus est l'ouverture même qui fait voler tout le judaïsme du temple et de la synagogue, tout les pharisianisme, toute la religion !

- Stat Crux, dum volvitur orbis ! "— prêtre ! Sur mon lit d'hôpital, l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr..."

- Où ça ? - Tentation et illusion de solution qu'il repousse dans la Saison et la suite.

- Partout - et qu'il retrouve finalement sur son lit d'hôpital à Marseille. "Jusqu’à ce que dans ce port suprême où tu demandas à ta soeur de te conduire, Tu entendes une voix disant: Rimbaud, pensais-tu toujours me fuir? "

- Dans ton imagination peut-être - on ne sait pas vraiment ce qui est arrivé à la fin : mystère - quoi qu'en dise Claudel...

Ecocratie ?

"Chaque jour apporte la preuve, tant au niveau local que global, de l'incapacité de fait de l'humanité à s'autoréguler.

L'écocratie est inévitable - du local au mondial, et inversement.

Au mieux, écosocialisme voire écocommunisme.

Au pire, écolibéralisme voire écofascisme.

Si le prochain totalitarisme est écologique, s'il faut en passer par un totalitarisme écologique, j'en serai.

Ecologie totale - et même totalitaire, si nécessaire."

La fin est dans les moyens

La fin est dans les moyens comme l'arbre est dans la graine

Selon ma philosophie de la vie, la fin et les moyens sont des termes convertibles.

On entend dire "les moyens, après tout, ne sont que des moyens". Moi, je dirais plutôt: "tout, en définitive, est dans les moyens". La fin vaut ce que valent les moyens. Il n'existe aucune cloison entre ces deux catégories. En fait, le Créateur ne nous permet d'intervenir que dans le choix des moyens. Lui seul décide de la fin. Et seule l'analyse des moyens permet de dire sui le but a été atteint avec succès. Cette proposition n'admet aucune exception.

L'ahimsâ et la vérité sont si étroitement imbriquées qu'il est impossible de démêler l'une de l'autre. Elle sont comme les deux côté d'une même pièce de monnaie ou plutôt d'une feuille de métal sans épaisseur ni inscription. Comment distinguer alors le revers de l'avers? Quoi qu'il en soit, l'ahimsâ représente les moyens, ils doivent toujours être à notre portée. Aussi l'ahimsâ est-elle notre devoir suprême. Si on s'occupe des moyens, tôt ou tard on atteint la fin. Une fois qu'on a saisi ce point, la victoire finale ne saurait faire de doute...

Votre grande erreur est de croire qu'il n'y a aucun rapport entre la fin et les moyens. Cette erreur a fait commettre des crimes sans nom même à des gens qui étaient considérés comme religieux. C'est comme si vous prétendiez que d'une mauvaise herbe il peut sortir une rose. Le seul moyen approprié pour traverser l'océan est de prendre un bateau. Si, à la place, vous preniez une voiture, vous ne tarderiez pas à sombrer. Selon une maxime digne de considération, "le disciple prend le modèle sur le Dieu qu'il adore". On a tronqué les sens de ces mots et on s'est fourvoyé dans l'erreur. Les moyens sont comme la graine et la fin comme l'arbre. Le rapport est aussi inéluctable entre la fin et les moyens qu'entre l'arbre et la semence.

Gandhi, Tous les hommes sont frères, Gallimard, p. 147-149.

Une maladie de héros

"Ce déséquilibre qui a pour nom mélancolie n'est pas le lot des caractères bas ou petits, au contraire : il s'agit pour ainsi dire d'une maladie de héros, consistant à dire des vérités d'une façon généralement énergique, sans tenir compte ni des convenances ni de la mesure."

Aulu-Gelle, Nuits attiques, XVIII, 3-4

Le poids le plus lourd

Le poids le plus lourd. – Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : « Cette vie telle que tu la vis maintenant et que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois ; et il n’y aura rien de nouveau en elle, si ce n’est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu’il y a d’indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession – cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau. – et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière ! » - Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démon qui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instant formidable où tu aurais pu lui répondre : tu es un dieu, et jamais je n’entendis choses plus divines ! » Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, faisant de toi tel que tu es, un autre être, et peut-être t’écraserait. La question posée à propos de tout et de chaque chose : « Voudrais-tu de ceci encore une fois et d’innombrables fois ? » pèserait comme le poids le plus lourd sur ton action ! Ou combien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillance envers toi-même et la vie pour ne désirer plus rien que cette dernière éternelle confirmation, cette dernière éternelle sanction ?

Friedrich NIETZSCHE, Le Gai Savoir, fragment 341

Bonne année !

Aujourd’hui je permets à tout le monde d’exprimer son désir et sa pensée la plus chère : et, moi aussi, je vais dire ce qu’aujourd’hui je souhaite de moi-même et quelle est la pensée que, cette année, j’ai prise à cœur la première — quelle est la pensée qui devra être dorénavant pour moi la raison, la garantie et la douceur de vivre ! Je veux apprendre toujours davantage à considérer comme la beauté ce qu’il y a de nécessaire dans les choses : c’est ainsi que je serai de ceux qui rendent belles les choses. Amor fati : que cela soit dorénavant mon amour. Je ne veux pas entrer en guerre contre la laideur. Je ne veux pas accuser, je ne veux même pas accuser les accusateurs. Détourner mon regard, que ce soit là ma seule négation ! Et, somme toute, pour voir grand : je veux, quelle que soit la circonstance, n’être une fois qu’affirmateur !

Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, IV, 276, "Saint Janvier", Gênes, janvier 1882.

Le ciel nous est commun

"Nous voyons les mêmes étoiles, le ciel nous est commun, un même univers nous enveloppe ; quelle importance, la sagesse au moyen de laquelle chacun recherche le vrai ? On ne peut parvenir par un seul chemin à un si grand mystère."

Symmaque, Rapports, III, 10 (à Valentinien II)

Joyeux Noël !

Madre_Selva__Guache_.jpg

"Madre Selva", gravure sur bois de l'artiste colombien Guache (Oscar González).

Pourquoi nous ne sommes pas patriotes

"Qui a pays n'a que faire de patrie. (...) Le nom de patrie est obliquement entré et venu en France nouvellement avec les autres corruptions italiques."

Joachim du Bellay, La Deffence et Illustration de la Langue Francoyse, 1549

Brahmacharya

L'humanité doit entrer dans le temps du brahmacharya qui est partie intégrante et nécessaire de l'ahimsa et du satyagraha.

Le grand accord

Tout ce qui est accordé avec toi est accordé avec moi, ô Monde !

Rien de ce qui, pour toi, vient à point, n'arrive, pour moi, trop tôt ou trop tard.

Tout ce que produisent tes saisons, ô Nature, est fruit pour moi.

De toi viennent toutes choses, en toi sont toutes choses, vers toi viennent toutes choses.

Marc Aurèle, A soi-même, IV, 23

La vraie piété

La piété, ce n'est pas se montrer à tout instant couvert d'un voile et tourné vers une pierre, et s'approcher de tous les autels ; ce n'est pas se pencher jusqu'à terre en se prosternant , et tenir la paume de ses mains ouvertes en face des sanctuaires divins ; ce n'est pas inonder les autels du sang des animaux, ou lier sans cesse des vœux à d'autres vœux ; mais c'est plutôt pouvoir tout regarder d'un esprit que rien ne trouble.

Lucrèce, De la nature des choses, II, V

Falk van Gaver : "L’Evangile n’est pas nataliste"

La décroissance est-elle compatible avec différents modèles politiques ?

La question n’est pas tant celle du modèle politique que celle de la vision du monde – écologie, autonomie. Le modèle politique le plus compatible avec la décroissance sera celui qui favorisera au mieux l’écologie et l’autonomie. Je penche pour ma part pour une anarchie bien comprise – et bien tempérée. Mais au fond, peu importe les noms et modèles que l’on peut donner, tant qu’ils convergent vers l’écologie et l’économie. Je pourrais donner ici une liste en -isme : anarchisme, autonomisme, fédéralisme ou confédéralisme intégral, souverainisme, indépendantisme, populisme, régionalisme, ruralisme, paganisme (pagus, pays, paganus, paysan), localisme, communalisme, municipalisme libertaire, (micro)nationalisme, indigénisme, associationnisme, mutualisme… Liste non-exhaustive, bien sûr, l’essentiel étant d’en comprendre le dynamisme convergent. Je pourrais aussi faire une liste en auto- : autonomie, autarcie, autogestion, autodéfense, auto-organisation, autoémancipation, autodétermination, autochtonie, auto(démo)cratie, c’est-à-dire autogouvernement (on pourrait parler étymologiquement d’autocratie qui devrait signifier le gouvernement de soi, pour soi et par soi, self-government, sens que l’on retrouve dans l’autarcie/autarchie ,mais le terme a pris une signification contraire à ce qu’il devrait signifier : la démocratie directe et réelle à base avant tout locale, puis (con)fédérale – l’autodémocratie, si on veut), etc. Et, bien sûr, en négatif, une liste en anti- : antimondialisme, anti-impérialisme, anti-étatisme, anticapitalisme, antilibéralisme, anticentralisme, antijacobinisme, antimodernisme, antitotalitarisme, antiprogressisme, anti-industrialisme, etc.

Qui furent les théoriciens et penseurs de la décroissance ?

Entre les précurseurs, les penseurs, les théoriciens, les anciens, les contemporains, la liste est longue et je ne vais pas faire ici un cours d’histoire de la décroissance. Je vous invite à vous former sur la question comme je l’ai fait, en lisant les livres d’éditeurs comme « Ecosociété », « Le Passager Clandestin », « Le Pas de Côté », « L’Echappée », ou des publications comme « L’Ecologiste », « La Décroissance », « La Revue du MAUSS », « Pièces et Main-d’œuvre », « Notes et morceaux choisis », « Les Amis de Ludd », etc. L’essentiel, c’est de commencer tout de suite cette nécessaire « décolonisation de l’imaginaire » (de l’emprise mentale économique et étatique) prônée par Serge Latouche – et cela peut passer par bien des chemins de traverse et des auteurs que l’on ne classerait pas forcément dans la décroissance – et pourtant ! J’invite par exemple les catholiques à relire Bloy, Péguy, Weil, Claudel, Bernanos, et à plonger dans toute la tradition chrétienne cosmique et écologique mise en avant par mon ami le péguyste Jean Bastaire récemment disparu.

Jack London et son « Iron Heel » sont-ils considérés comme des précurseurs de la décroissance ?

Témoin et visionnaire en tout cas d’une résistance ouvrière à l’industrialisation du monde – et d’un certain socialisme antiautoritaire et antiétatique, d’un véritable socialisme de la société, le premier socialisme de la première moitié du 19e siècle, le socialisme de Proudhon et Leroux, de Bakounine et Kropotkine, des populistes russes, d’ailleurs encore majoritaire dans la 1ère Internationale et dans le premier syndicalisme, qui se perpétuera dans le syndicalisme révolutionnaire de la première CGT, chez les conseillistes et spartakistes allemands, chez la CNT et la FAI espagnoles, et courra comme une tradition insurgeante minoritaire malgré le monopole croissant de la social-démocratie marxiste et du marxisme-léninisme sur le socialisme – avant la dissolution dans le socialisme libéral d’Etat. Je pense à Orwell et au POUM, à Simone Weil, à l’insurrection de Budapest en 1956… Mais aussi, avant, à la pleine figure de Péguy, qui fut tout d’un bloc et jusqu’au bout socialiste, anarchiste, révolutionnaire, patriote, républicain, antimoderne et chrétien – une belle synthèse disparue de l’homme complet et que nous devrions tenter de faire renaître dans chacune de nos existences.

D’un autre côté, qu’espèrent les défenseurs de la croissance perpétuelle ? Les dernières crises économiques sont-elles liées à la théorie de la croissance ? Et que dire de la déferlante migratoire ?

Le problème de la croissance, c’est justement celui de la sécularisation de l’espérance. La croissance est elle-même la crise. Espérer croître infiniment dans un monde fini, voilà la crise. Pour moi, il faut abandonner toute espérance et suivre l’injonction de Nietzsche : « Frères, soyez fidèles à la Terre ! » Quant aux crises migratoires, elles ne sont qu’une des dimensions de l’idéologie de la croissance humaine sous toutes ses formes – dont la croissance démographique. Une réponse locale ou nationale croissantiste ou nataliste n’est qu’une participation à cette crise qui a pris les dimensions du monde – et en menace la viabilité humaine. Pour ma part, je préfère faire partie avec Nietzsche des Fils de la Terre contre les Amis des Idées – ou des chiffres ! Frères, soyez fidèle à la terre, soyez fidèles à la Terre !

D’un point de vue catholique et nationaliste, le devoir des familles est de se multiplier d’une part, devoir également au niveau de la nation où, pour conserver son poids démographique, le peuple hôte doit augmenter son taux de fécondité. La décroissance semble pourtant commander le contraire. Que diriez-vous sur ce dilemme moral ?

Ce n’est absolument pas un dilemme moral pour moi, car je ne pars pas d’un point de vue catholique ni nationaliste. Comme toute religion et toute doctrine, le catholicisme et le nationalisme ne m’intéressent qu’en tant qu’ils favorisent l’écologie et l’autonomie. En 1793, je suis pour le catholicisme vendéen contre le nationalisme jacobin, de même que je suis pour les nationalismes corses, basques, bretons, occitans, contre le nationalisme français… Ou pour le nationalisme québécois contre le nationalisme canadien. Je suis plutôt opposé aux macro-nationalismes négateurs des identités nationales, régionales, locales, je suis plutôt pour les petites nations et les micro-nationalismes, pour autant que leur comportement ne soit pas celui, à une plus petite échelle, des macro-nationalismes uniformisateurs, épurateurs, négateurs et destructeurs des identités régionales, locales et autres. Si c’est pour reproduire le jacobinisme français – « Interdit de cracher par terre et de parler breton » dans les cours de récréation de l’école publique, laïque et obligatoire – non merci ! Je suis multinationaliste et multi-identitaire, contre tout mononationalisme !

Je suis patriote comme l’écrivain américain Edward Abbey (et je suis également anarchiste, écologiste radical et néo-luddite de la même manière que lui), le fameux auteur du Gang de la clef à molette dans lequel il décrit ainsi un des personnages : « Véritable patriote autochtone, Smith ne faisait serment d'allégeance qu'à la terre qu'il connaissait, pas à cette enflure farcie de propriétés privées et d'industries, terre d'exil d'Européens déplacés et d'Africains inopportunément transplantés, connue collectivement comme les Etats-Unis. »

Je ne suis pas nataliste par principe – et l’interprétation nataliste et familialiste du christianisme majoritaire contredit frontalement les Evangiles, c’est-à-dire les gestes et parole du Christ Jésus . L’Evangile n’est pas nataliste, il est plutôt anataliste si ce n’est antinataliste – je vous invite à le relire attentivement . Dans le contexte actuel de surpopulation, je suis même antinataliste – je préfère une France de vingt millions d’habitants plutôt que de soixante ou quatre-vingt. Je suis pour une limitation volontaire des naissances, une autolimitation – mot d’ordre de Soljenitsyne – que je pourrais ajouter à ma liste en auto- plus haut. Je suis marié et père de trois très jeunes enfants, mais entendre parler de « devoir des familles de se multiplier », de « conserver son poids démographique » et d’ « augmenter son taux de fécondité » me hérisse et me dégoûte complètement : ce genre de discours économiciste et quantitativiste, où le fait de fonder une famille devient un impératif numérique national, signale clairement des adversaires ou des ennemis pour moi – ceux qui ont une vision moderne, administrative, étatique, économique, bureaucratique, comptable du monde, de l’existence, de la naissance, de la vie, les sectateurs du règne de la quantité (Guénon), du totem du rat (André Suarès)… Pour des raisons similaires qui me font aujourd’hui antinataliste (opposant au natalisme, pas à la natalité en soi, bien entendu – mais la natalité est avant tout une condition, un événement et un avènement – cf. Hannah Arendt – pas une statistique – pouah !), je suis anti-immigrationniste : opposant à l’immigrationnisme, pas à toute migration en soi, bien sûr – mon rêve d’enfance étant d’ailleurs de fuir la France surpeuplée – humains, trop d’humains – pour venir vivre au Québec aux grands espaces dépeuplés – m’y inviterez-vous ?…

Le « devoir d’enfant », c’est comme le « droit à l’enfant », ça réduit chaque enfant à un objet, un moyen, un instrument, ou un simple chiffre, un pourcentage, un taux, une statistique…

Peut-on, et si oui ,comment, désintoxiquer une société accroc à la surconsommation et ce, dès le plus jeune âge ?

Il convient avant tout de se désintoxiquer d’une telle société.

Comment ? Si je crois en la convergence des radicalités, malheureusement trop souvent caricaturée en (con)fusion des extrêmes (rouges-bruns, nationalistes-révolutionnaires, nationaux-bolchéviks, nationaux-républicains, nationaux-laïques, néo-jacobins, etc., mais on pourrait parler aussi des islamo-communistes, islamo-nationalistes, islamo-révolutionnaires, tous mêlés dans les méandres conspirationnistes, complotistes). Au-delà de ces amalgames superficiels, il convient donc de se former et de s’ouvrir à d’authentiques radicalités (radix, racine) et de s’en enrichir et de les enrichir les unes par les autres : l’écologie radicale et profonde, les traditions anarchistes et socialistes antiautoritaires, les courants indigénistes et identitaires, la décroissance, le survivalisme, etc.

L’écologie n’est-elle pas devenue un simple outil de marketing ?

Le green washing de l’économie verte, de la croissance verte, du capitalisme vert, du développement durable, ne feront qu’accroître la nécessité et la légitimité de l’écologie radicale, de l’écologie profonde, ou, selon mes propres termes, de l’écologie intégrale. Le capitalisme recycle tout à son propre usage – que ce soit l’écologie, la religion ou la nation entre autres – en le vidant de toute substance et consistance propre. C’est pour cela que je m’inquiète quand j’entends parler de natalité et de nation, c’est-à-dire, étymologiquement, de naissance, en termes statistiques, i.e. économiques.

Dans la vie de tous les jours, comment peut-on agir localement dans une optique guidée par ces principes ?

Vous avez au Québec une tradition et une édition vivantes de la simplicité volontaire (Ecosociété ; beaucoup de choses intéressantes chez Lux également) : même si a priori, contrairement à moi, vous n’êtes pas du même bord que ces gens-là, même s’ils peuvent vous rejeter parce que vous sentez le souffre, je vous invite à vous ouvrir et vous former par vous-mêmes à cette tradition écologique et décroissante : pratiquez, dès maintenant, par l’écologie et l’autonomie, la convergence des radicalités – et soyez fidèle à votre terre !

Limite écologique, entretien avec Falk Van Gaver

1. Cf. « Hors de la famille point de salut ? » : http://osp.frejustoulon.fr/hors-de-la-famille-point-de-salut/

2. Cf. « Croissez et multipliez ? » : http://anarchrisme.blog.free.fr/index.php?post/2016/03/17/Croissez-et-multipliez

3. Cf. « Retour sur l’écologie intégrale » : http://anarchrisme.blog.free.fr/index.php?post/2016/03/17/Retour-sur-l-%C3%A9cologie-int%C3%A9grale

Cf. « L’envol du faucon » : http://anarchrisme.blog.free.fr/index.php?post/2016/03/17/L-envol-du-faucon

4. http://revuelimite.fr/

Le christianisme et les âmes païennes

Rien ne serait plus faux que de faire du christianisme la religion de l'Occident. Il est d'un autre ordre, nous le dirons. Il y a une religion de l'Occident. Cette religion est l'antique paganisme grec ou latin, celte ou germanique. Et il était l'équivalent de ce que sont l'hindouisme ou le taoïsme, l'animisme ou les religions américaines. C'est à Plotin que l'on peut comparer Çankara, et Marc-Aurèle à Confucius. Ce paganisme valait les autres. Il n'est pas encore si loin de nous. Nous ne sommes jamais que des païens convertis : Fiunt, non nascuntur christiani, disait Tertulien. Ce qu'on peut traduire : " On nait païen, on devient chrétien ". Ce génie religieux de l'Occident conditionne la manière occidentale d'être chrétien. Et nous avons le devoir d'y être fidèle. Mais non de l'imposer aux autres.

Il y a ainsi diverses âmes païennes. Et chacune a sa beauté. Et toutes méritent d'être sauvées. Et toutes seront effectivement sauvées. C'est l'âme païenne des Sémites qui l'a été d'abord en Abraham. Ça été ensuite l'âme païenne occidentale, le baptême de Platon et de Virgile. Ce sera au XXe siècle l'âme païenne africaine, au XXIe siècle l'âme païenne indienne. Les diversités du christianisme sont le reflet dans l'unité d'une foi qui est nécessairement une, de la diversité des âmes religieuses qui accueille cette foi chacune à sa manière. Et de quel droit imposer aux autres ma manière d'accueillir Jésus-Christ ?

Jean Daniélou, L'oraison, problème politique,1965.

Le point de rupture

"Le rapport aux persécuteurs et à la victime : c’est bien là, selon Girard, le cœur du problème, le point de bascule qui ouvre un gouffre infranchissable entre les mythes païens et la révélation chrétienne, encore une fois au-delà de leurs similitudes thématiques apparentes (sacrifices, morts et résurrections, etc...), qui précisément ont pu faire le lit de cette vieille confusion.

Tous les mythes païens manifestent l’emballement mimétique des foules aliénées, dirigé contre une victime unique (qui en général tranche par sa singularité, son « étrangeté »), unanimement désignée comme responsable de tous les maux de la société, et dont le sacrifice aura une "divine" vertu réconciliatrice pour l'ensemble de la communauté.

En cela, dans les mythes païens, les persécuteurs ont toujours raison et la victime est toujours coupable. Son meurtre collectif rétablit la « paix ». Tel est le mensonge, dont Girard démonte les ressorts proprement sataniques, qui caractérise TOUS les mythes païens.

Par Jésus, la victime émissaire est enfin révélée dans son absolue innocence et les persécuteurs dans leur culpabilité. Retournement complet !

Sur la Croix, il révèle définitivement la dynamique meurtrière du tous contre un mimétique, l'illusion de la fausse paix (fondée sur le meurtre) et des fausses résurrections païennes."

Serge Lellouche

https://unpontlance.wixsite.com/cathos-ecolos/rene-girard-je-vois-satan

Ni Thor ni Christ

« Moi, le descendant de ces Normands qui adoraient Thor, je passe ma journée sans adorer ni Thor ni Christ ».

Henry David Thoreau, Journal

Pourquoi on ne lira pas avant longtemps le premier roman de Jacques de Guillebon

L'économie selon Jésus-Christ

Falk Van Gaver : « Le christianisme est riche en alternatives au capitalisme » - Aleteia 01/09/2017

Falk Van Gaver : « Le christianisme est incompatible avec le capitalisme et le système-argent » - Comptoir 11/09/2017

"Autour du livre de Falk van Gaver, Christianisme contre capitalisme" - Un pont lancé 14/09/2017

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