"Le rapport aux persécuteurs et à la victime : c’est bien là, selon Girard, le cœur du problème, le point de bascule qui ouvre un gouffre infranchissable entre les mythes païens et la révélation chrétienne, encore une fois au-delà de leurs similitudes thématiques apparentes (sacrifices, morts et résurrections, etc...), qui précisément ont pu faire le lit de cette vieille confusion.

Tous les mythes païens manifestent l’emballement mimétique des foules aliénées, dirigé contre une victime unique (qui en général tranche par sa singularité, son « étrangeté »), unanimement désignée comme responsable de tous les maux de la société, et dont le sacrifice aura une "divine" vertu réconciliatrice pour l'ensemble de la communauté.

En cela, dans les mythes païens, les persécuteurs ont toujours raison et la victime est toujours coupable. Son meurtre collectif rétablit la « paix ». Tel est le mensonge, dont Girard démonte les ressorts proprement sataniques, qui caractérise TOUS les mythes païens.

Par Jésus, la victime émissaire est enfin révélée dans son absolue innocence et les persécuteurs dans leur culpabilité. Retournement complet !

Sur la Croix, il révèle définitivement la dynamique meurtrière du tous contre un mimétique, l'illusion de la fausse paix (fondée sur le meurtre) et des fausses résurrections païennes."

Serge Lellouche

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