Je propose des fantaisies informes et irrésolues, comme font ceux qui publient des questions douteuses à débattre aux écoles, non pour établir la vérité, mais pour la chercher ; et les soumets au jugement de ceux à qui il touche de régler, non-seulement mes actions et mes écrits, mais encore mes pensées. Également m’en sera acceptable et utile la condamnation comme l’approbation, tenant pour absurde et impie si rien se rencontre, ignoramment ou inadvertamment couché en cette rhapsodie, contraire aux saintes résolutions et prescriptions de l’Église catholique, apostolique et romaine, en laquelle je meurs, et en laquelle je suis né.

Michel de Montaigne, Essais, I, XXI, "Des prières"