Anarchiste, Brassens l’est, mais pas de ceux qui croient à l’avenir radieux. C’est un pessimiste, un passéiste, voire même un réactionnaire, un conservateur, un contre-révolutionnaire. Mais pas de politique ici ! Il s’agit de bien davantage : de sentiment et de sensibilité. « Le grand chêne », « Auprès de mon arbre », « Le temps passé », ou encore « La ballade des dames du temps jadis » empruntée a Villon chantent cette nostalgie du vieux pays, de la vieille France bucolique et anarchique d’avant les siècles de fer. Nos ancêtres les Gaulois ? On ne devrait jamais quitter nos chênaies !

« Auprès de mon arbre

Je vivais heureux

J'aurais jamais dû

M'éloigner de mon arbre

Auprès de mon arbre

Je vivais heureux

J'aurais jamais dû

Le quitter des yeux »

Brassens s’affirme lui-même passéiste, anti-progressiste - voire foutrement moyenâgeux. Son cri, son soupir, sa nostalgie sont ceux de toutes les âmes que l’ordre moderne étouffe. « C’était mieux avant ! » Et le pire, c’est que c’est vrai :

« Que le progrès soit salutaire,

C'est entendu, c'est entendu.

Mais ils feraient mieux de se taire,

Ceux qui disent que le presbytère

De son charme du vieux temps passé n'a rien perdu,

N'a rien perdu . »