Ironie, vraie liberté ! C'est toi qui me délivres de l'ambition du pouvoir, de la servitude des partis, du respect de la routine, du pédantisme de la science, de l'admiration des grands personnages, des mystifications de la politique, du fanatisme des réformateurs, de la superstition de ce grand univers et de l'adoration de moi-même. Tu te révélas jadis au sage sur le trône quand il s'écria, à la vue de ce monde où il figurait comme un demi dieu : Vanités des vanités ! Tu fus le démon familier du philosophe quand il démasque du même coup et le dogmatique, et le sophiste, et l'hypocrite, et l'athée, et l'épicurien, et le cynique; tu consolas le Juste expirant quand, il pria sur la croix pour ces bourreaux : "Pardonnez-leur, mon père, car ils ne savent pas ce qu'ils font".

Pierre-Joseph Proudhon, Confession d'un révolutionnaire, 1849.