Mark Kennedy, 42 ans, a passé sept ans sous le nom de Mark Stone à parcourir le monde, de manifestations antiracistes en happenings écologistes, sans oublier les réunions anti-G20. Il travaillait pour le National Public Order Intelligence Unit (NPOUI), un organisme britannique de lutte contre le terrorisme "intérieur".

Dans le dossier de Tarnac, Mark Kennedy n'apparaît (presque) nulle part. Un "Mark" a été griffonné dans les carnets de Julien Coupat. Pourtant, il est partout, dès le début. Car l'enquête sur les militants français n'a pas commencé en novembre 2008, après les sabotages de lignes SNCF, mais le 11 avril, lorsque le patron de la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire demande au parquet de Paris d'ouvrir une enquête préliminaire sur "une structure clandestine anarcho-autonome (...) projetant de commettre des actions violentes", sur la base d'"informations communiquées par la direction centrale des renseignements généraux".

La "source", les mis en examen de Tarnac ont vite compris de qui il s'agissait. Jusque-là, Mark Kennedy les avait plus marqués par son strabisme que pour autre chose. Plutôt discret, il était passé à Tarnac, à l'été 2008, avec d'autres militants. Il n'a en fait jamais cessé de s'intéresser aux Français. Pour Me Bourdon, "le fait pour les services de s'appuyer sur des agents comme Mark Kennedy est la source de dérives considérables de l'action policière. Ce type de personnage tombe forcément dans la dramatisation et la surenchère".

Ainsi, dans leur réponse au juge d'instruction, les services britanniques détaillent spontanément une rencontre entre Julien Coupat et d'autres militants européens – dont Mark Kennedy – à Nancy et aux environs, en février 2008, durant laquelle "la fabrication d'engins explosifs improvisés a été discutée et expérimentée". La réunion n'apparaissait pas jusque-là dans la procédure, son contenu est désormais invérifiable, mais elle a probablement joué un rôle important dans l'estimation de la dangerosité des militants et leur mise en cause. Car la note confidentielle de la DCRG, elle, l'évoque, dans un chapitre qui conclut que le groupe est décidé à mener des "actions violentes", justement "par la mise en œuvre d'engins et de dispositifs incendiaires ou explosifs".

L'espion anglais qui a piégé le groupe de Tarnac - Le Monde.fr 8/11/2012

Verloc Winnie est "L'Agent secret", agent provocateur infiltrant les milieux anarchistes londoniens et organisant un attentat à la bombe dans le roman éponyme de Joseph Conrad (1907).

Gabriel Syme est un policier qui infiltre une société anarchiste londonienne et y devient "Le Nommé Jeudi", dans le roman éponyme de Gilbert Keith Chesterton (1908).