Chez les deux géants asiatiques que sont l'Inde et la Chine, le sex-ratio à la naissance a depuis un bon moment quitté les rives de la normalité, avec respectivement 112 et 113 garçons pour 100 filles. La raison est à la fois culturelle, politique et technologique. Culturelle d'abord car c'est la préférence pour les mâles, encore très marquée dans ces sociétés, qui est le moteur premier des avortements sélectifs. Technologique car, même s'il ne faut pas oublier que des infanticides de filles existent toujours, l'ampleur du phénomène s'explique par la généralisation de l'échographie au cours des dernières décennies, qui permet de déterminer le sexe du fœtus. Politique enfin car le désir des Etats de contrôler la démographie et d'abaisser le taux de fécondité (avec par exemple la politique de l'enfant unique en Chine) met une pression supplémentaire sur les familles.

Le Monde, 4 juin 2012