Faut-il donc accepter l'idéal que nous offrent certains paneuropéens en mal de cosmopolitisme, d'une République immense et amorphe dissolvant toutes les diversités et toutes les énergies dans le creuset du pacifisme triomphant ? Faut il, pour échapper à l'internationalisme mensonger et contradictoire des organisations internationales et au nationalisme exacerbé et perverti qui, pareil au fameux Catoblepas se dévore lui même, préconiser l'universel nivellement sur le mode yankee ? - Rien de plus contraire à nos idées ni de plus hostile à nos efforts. Une république universelle à tendance centralisatrices et inorganiques, peut, peut être, offrir au superproductivisme ou à la finance impatiente de se surpasser elle même dans l'art de l'abstraction, du calcul, de la spéculation et de la manœuvre, un champ et des possibilités nouvelles d'activité ; L'homme à tout à perdre dans une telle aventure. Livré sans défense au nombre sans visage, à une immense tyrannie sans contrepoids possible, l'homme perdant ce qui lui reste encore de noble et de réel, deviendrait rapidement l'objet inerte d'une philanthropie inerte et anthropophage

Alexandre Marc et René Dupuis, Le fédéralisme révolutionnaire, Esprit, novembre 1932.