L’Église ne doit pas avoir la nostalgie du constantinisme sous toutes se formes. Un chrétien devrait se sentir, au niveau politique, comme un sans abri, dans le contexte actuel, et il ne devrait pas considérer le choix des plus moroses qu'il a, entre la gauche et la droite, comme étant le résultat incontournable de notre vie politique. J'ai souvent attiré l'attention sur les pratiques de l’Église qui résistent à la colonisation de l'imagination chrétienne par l’État-nation qui veut se subordonner tous les attachements qui lui sont étrangers. Pour que ces pratiques réussissent, il est nécessaire d'accroître la complexité de l'espace politique, et de créer des formes de communautés locales qui disperseront les pouvoirs de l'État et de l'entreprise et leur résisteront. Il faut susciter une sorte de micropolitique chrétienne, laquelle émanera, en tout premier lieu, de petits groupes de simples chrétiens.

William Cavanaugh, Migrations du sacré, éditions de l'homme nouveau, 2010.