Dans le climat actuel, l'écologie va devenir la dernière des disciplines inscrites au répertoire des programmes scolaires. Elle va également figurer dans ceux de l'éducation permanente, promue au rang de quatrième rudiment : Lire, écrire, compter,... se recycler ! La pollution déchaîne une panique qui fournit une ex cellente aubaine aux bureaucrates et technocrates. Les enseignants se précipitent à la rescousse. Nous possédions déjà le grand mouvement des instituts de recherche et des systèmes anti-pollution ; il nous manquait le pullulement des organismes chargés, à grand pri x, d'assurer la formation des spécialistes de l'environnement.

Cet enseignement de l'écologie masque une intention politique. Si l'on cherche à promouvoir une lutte efficace contre la pollution et si, en même temps, on prétend maintenir l'expansion industrielle, il est nécessaire de fixer de nouveaux règlements et de nouvelles lois car il faut bien faire avaler la pilule, il faut bien que les gen s se soumettent docilement aux frustrations qu'on leur impose pour arriver à résoudre les problèmes qu'on leur a appris à fabriquer. Pour rendre acceptable ce contrôle politique, on le baptise "initiation aux problèmes de l'environnement".

Ivan Illich, La production du bien-être, Esprit, juillet-aout 1973.