Dans la cité du Brouhaha
Tel grand ouvert le coeur du maigre vagabond,
Et sa barbe épineuse et sa face en colère,
Tel sera furieux le vocable solaire
Par quoi les murs des édifices crouleront.
J'avais ce mot, je l'ai perdu pour une carte,
Dans ces nuits de malheurs et d'obscurs cauchemars,
Je le cherche dans la cité du brouhaha,
Ma prière est pour lui de souffrance et de meurtre.
Coule sur Bowery, dans tout ce rouge urbain,
L'ultime fil de sang, et mêlés aux ordures,
Les hommes sont ici le rougeoiement des braises.
S'entrouvre le couchant qui révèle un secret,
Tournent ensemble, carrousel, hommes, pierres
Et s'étale partout le chaos des trottoirs.
Ephraim Auerbach, L'anneau des sonnets in Anthologie de la poésie yiddish, traduction de Charles Dobzynski, poésie Gallimard