Alors que la clique médiatique a tourné entièrement ses yeux d’aveugle vers le pays du Soleil levant, des nouvelles nous arrivent du nord-est, autrement plus inquiétantes que celles qui annoncent la fusion imminente d’un grotesque réacteur nucléaire.

Ce motif d’inquiétude, nous le devons au très sérieux Stéphane François, politologue et chercheur à l’université de Strasbourg, qui publie dans les Cahiers de psychologie politique une indispensable étude sur les « jeunes gabberskins de Chauny » (dans l’Aisne).

Les gabberskins sont, comme leur nom l’indique peut-être, des skins qui écoutent de la musique gabber. Pour les ploucs, précisons qu’il s’agit d’un sous-genre hardcore de la techno. Le gabberskin donc est une espèce venimeuse, notamment dans sa variété la plus courante, celle de Chauny (dans l’Aisne).

D’une longue, vaste et ennuyeuse description sociologique aussi longue, vaste et ennuyeuse que la plaine de Chauny (dans l’Aisne), il ressort que ces jeunes gens - dont le nombre doit malaisément dépasser la double douzaine - quoiqu’ils « proviennent de famille monoparentale, précarisée, alcoolique ou violente » (comme tous les habitants de Chauny (dans l’Aisne) d’ailleurs) ne sont pas « connus des forces de police ». Pas connus des services de l’éducation nationale non plus sans doute, puisqu’ils sont « déscolarisés ». Ce sont généralement des mineurs, dirigés par un redoutable état-major d’anciens de 25 ans.

Après cet apéritif exercice de misérabilisme dont même Dany Boon ne se remettrait pas, M. François (à Chauny dans l’Aisne) de nous apprendre que la musique des gabberskins « exprime de la colère et de la haine », ce qui est évident. Mais pas celle des « gabber-gauchistes » par contre, même si c’est la même.

Ces adolescents sous hormone y trouvant l’exutoire à leur ressentiment de fascistes génétiques constituent des clans, des bandes extrêmement dangereuses : « nous sommes face à des hommes de violence », ne craint pas de nous écrire M. François (de l’Aisne).

Il faut agir et c’est pourquoi je compte vous faire part maintenant de ma proposition, qui vous paraîtra simple et lumineuse. Il faut prendre le mal à la racine, et même à la racine de pomme de terre (de Chauny, dans l’Aisne). Car la seule et unique raison de l’existence du skin en 2011, c’est la survivance de la campagne. Jugez-en : nous autres, dans nos villes, dans nos banlieues, n’avons aucun skin, juste une infime part de voyous que nous gérons très bien, preuve en est qu’ils sont tous connus des services de police. C’est rassurant quand même.

Voici donc ma solution, que le Jules Romain des Copains n’eut pas désavouée, j’en suis sûr : changeons ces arrogantes sous-préfectures de cul-terreux qui nous défient depuis trop longtemps derrière leur bars-tabacs et leur hôtel du Tigre, changeons-les en grande banlieue.

Ç’aurait une autre gueule, tout de suite, ces barres et ces pavillons étirés à l’infini sur les obsolètes plantations de betteraves inutiles. La voie sacrée, le chemin des dames, les taxis de la Marne ! Sarkozy a vu petit comme d’habitude, avec son Grand Paris : ce n’est pas seulement jusqu’au Havre qu’il faut aller mais, je le proclame, jusqu’à Chauny (dans l’Aisne) et, je ne crains pas de le suggérer, jusqu’à Vitry-le-François, en Champagne, et pourquoi pas bientôt à Tarnac (de Corrèze) ! Un grand, un immense, un souverain rêve de France RERisée, de la dalle d’Argenteuil jusqu’à Semur-en Auxois !

Voilà mon programme, il est réaliste et en sus de nous débarrasser définitivement de la peste gabberskin, il fera marcher le bâtiment sans qui, vous le savez bien, rien n’ira.