La chute de l'homme, c'est son rejet de sa vocation sacerdotale, son refus d'etre prêtre. Le péché originel c'est le choix par l'homme d'une relation non sacerdotale avec Dieu et avec le monde. Et peut-être qu'aucun mot ne décrit mieux le caractère de cette nouvelle voie dans la vie, déchue et non sacerdotale, que celui qui de nos jours a un succès étonnant, et est devenu vraiment le symbole de notre culture: le mot de consommateur. S'étant glorifié d'abord du nom d'homo faber, puis d'homo sapiens il semble que l'homme a trouvé sa vocation ultime comme consommateur. Mais en vérité, le consommateur n'est pas né au vingtième siècle. Le premier consommateur fut Adam lui même. Il décida de ne pas être prêtre, mais d'aller au monde comme consommateur: d'en manger, d'en user, de le dominer pour lui même, d'en profiter, mais non pas de l'offrir, de le sacrifier, de ne pas l'avoir en Dieu et pour Dieu.



Père Alexandre Schmemann. Of Water and the Spirit: a Liturgical Study of Baptism, Crestwood, St. Vladimir's Seminary Press, 1974, D’eau et d’Esprit – Étude liturgique du baptême, tr. fr. de Paul Toutchkov, Paris, Desclée de Brouwer, 1987.