"L'Eglise de l'avenir, celle qui ne se targuera pas d'un mandat politique, celle qui ne fera pas les yeux doux ni à la droite ni à la gauche, cette Eglise-là sera l'Eglise intériorisée, mais que de peine pour y parvenir ! ... Il lui faudra beaucoup de force pour qu'elle devienne l'Eglise des petits. Ce processus la rendra pauvre et cela sera d'autant plus difficile qu'il faudra aussi bien écarter les sectaires à courte vue que de beaux parleurs entêtés. On peut supposer qu'il lui faudra du temps et son évolution sera lente et pénible...

Notre humanité va connaître des événements d'une gravité ans pareille. Les hommes d'un monde planifié expérimenteront un mode de vie où Dieu se sera comme évaporé pour eux. Ils tourneront alors leurs yeux vers la petite communauté des croyants comme quelque chose de nouveau, comme une espérance qui surgit pour eux, comme une réponse au sujet de laquelle ils s'étaient toujours interrogés en secret. C'est pour moi une certitude : des temps très difficiles se préparent, et pour l'Eglise aussi. La crise est à peine commencée, mais je suis tout à fait certain de ce qui restera au terme, non pas l'Eglise du culte politique mais l'Eglise de la Foi. Elle fleurira de nouveau et donnera la vie et l'espérance au-delà de la mort. Pour cela, il faut avoir le courage de résister au monde ambiant. courage et force de se montrer différents de ce que propose la modernité... Nous devons vivre ces heures sans avoir peur, avec une pleine espérance. Mais il n'en faut pas moins prendre conscience que ces heures ne pourront être assumées que moyennant la patience et le rude labeur de ceux qui acceptent la foi dans la solitude, dans les ténèbres et la contradiction du monde... La foi sera de revenir à la personne de Jésus, non pas aux valeurs ou idées qu'il aurait pu promouvoir mais à sa personne même, et ce contact fera une humanité nouvelle et libre !"

Cardinal Ratzinger, 2004