Il faut dit cet écrivain repousser « les dieux, tous les dieux ». C’est précisément ce que nous ont appris à faire, dés l’origine, les disciples de Jésus. S’ils furent pris pour des athées, ce n’est pas parce qu’ils apportaient, chose banale, un autre dieu,- lequel n’eut été qu’un dieu parmi les autres : c’est parce qu’ils annonçaient Celui qui est tout autre que les dieux et qui nous arrache à leur tyrannie. Ils niaient donc tout ce que les hommes autour d’eux tenaient pour divinité,- tout ce que l’homme, à toute époque, tend à diviniser pour s’adorer lui-même en ses dieux. Seul l’Evangile est le véritable « crépuscule des dieux »

On reconnaît que c’est le christianisme qui a « installé dans notre histoire la contestation des faux dieux ». Mais on s’offre à le relayer dans ce rôle, comme s’il n’était pas capable de le « pousser jusqu’au bout ». On veut lui donner pour héritage la philosophie.-Cependant, on dit que le philosophe est « celui qui comprend » et non « celui qui choisit ». Les faux dieux, avec lui, auront encore de beaux jours !

Toute révolte qui n’a pas Dieu à son principe et qui ne le prend pas pour allié finit dans l’asservissement.

Tout non suppose un oui plus profond qui le fonde, qui le suscite et qui l’oriente ; toute révolte, un plus foncier et plus libre acquiescement.

Droit divin des rois, droit divin des peuples : inventions humaines, instruments d’oppression. Droit divin de Dieu : seule libération de l’homme.

Henri de Lubac. De l’actualité de Dieu, in Sur les chemins de Dieu, Cerf, 1983.

"Nous sommes les athées de tous les faux dieux ! "

Saint Justin de Naplouse