Brûlés d’une avare convoitise, ils se répondent que tout est nécessaire dans le monde ; que rien, à le bien prendre, ne suffit, qu’on n’en peut jamais trop avoir, que les hommes ne valent et ne sont comptés que sur le pied de ce qu’ils ont, qu’il est doux de cueillir en pleine moisson, qu’il ne convient qu’à une âme timide ou à une conscience faible de fixer ses désirs. Maximes qui les endurcissent, et dont ils se laissent tellement prévenir, que rien ne peut les détromper. Or, figurez vous quelles injustices cette passion effrénée traîne après soi. Imaginez vous de quelles vexations, de quelles oppressions, de quelles concussions doit elle être accompagnée ?

Louis Bourdaloue. Sermon sur les richesses. 1670.