Un appel vient d'avoir lieu. L'appel à un changement radical de modèle. Une nouvelle attitude, basée sur le don, la générosité, l'enthousiasme, le partage, attend d'être pratiquée aux quatre coins du monde par les hommes riches de notre pauvreté que nous sommes. Et à moins d'être imposé par des évènements catastrophiques, cet autre rapport à la vie ne peut être organisé par les oligarchies. Trop risqué. Trop dangereux. On peut le comprendre.

Les métamorphoses ne peuvent venir que de nous, consciences en acte, êtres d'espérance et de volonté tournés vers le service de la vie. Nous, anarchistes de droit divin, appelés distributistes, non gnostiques, non antisémites, universalistes, Amoureux, Frères, We few, we happy few, we band of brothers, incorruptibles sinon par la Grâce, rachetés dans le Sang, martyrs en puissance, Fils et pères, Français, savons que nous tenons entre nos mains l'avenir du vivant.

Nous sommes responsables de la violence exercée sur le monde. Nous sommes responsables du grand crime contre le vivant. Responsables, c'est-à-dire en devoir d'apporter une réponse.

Nous sommes les hommes égarés dans le pire meilleur des mondes, et nous construisons, la Joie au cœur, le chemin de notre chance. L’heure est à la révolte spirituelle contre le pire meilleur des mondes que l’on veut nous faire, auquel nous œuvrons si nous ne proposons pas d'alternatives, l’heure est à l’incarnation, l’heure est aux sentinelles de l’invisible, l’heure est à la vie contre la mort, l’heure est à l’être contre l’hédoniste ultra-individualiste, l’heure est au devoir contre le droit, l’heure est à la cause commune contre le droit particulier, l'heure est au don de soi contre l'esprit procédurier, l'heure est à l'Histoire contre la fin de l'Histoire.

La crise financière mondiale vient de prouver que l'idéologie du progrès, avec sa croyance en la toute puissance de la technologie et du système bancaire orchestrant la mythologie de la croissance n'est en réalité pas toute puissante.

La preuve vient d’être apportée à nos yeux incrédules que la toute-puissance du progrès n'était qu'une puissance secondaire. C'est un système qui vient de s'effondrer. C'est le dogme de la modernité prédatrice qui vient de faillir.

Nous, anti-techniques, ne sommes pas de cette modernité-là et savons que nous devons travailler au surgissement du contraire de la modernité. Débarrassée des défauts du passé. Des asservissements de la personne humaine par la chaine industrielle. De l'arraisonnement du corps par la logique techniciste. Et tous les plans de sauvetage de l'automobile nous montrent les élites empêchées par la doctrine fatale de la croissance.

Doctrine qui contamine la planète, appauvrit les peuples, asservit les individus au diktat concentrationnaire du code-barres.

Nous devons aider ces élites. Les aider là ou elles sont empêchés par le danger de prendre des décisions de grande ampleur. Nous devons les aider en rassemblant nos forces, nos idées, nos compétences. C'est à nous d'agir, fasse à l'impuissance des Etats.

Nous devons nous prendre en charge.

Le système bancaire implose, révélant le vice à l'origine de sa logique même. Logique inique du prêt à intérêt. Dégénéré en spéculation catastrophique. On réinjecte des milliards pour le maintien de cette logique obsolète et mortifère.

Mais si nos élites, à l'unisson, persistent dans cette voie, preuve nous est donnée que tout changement ne pourra venir que des initiatives micro-collectives, associatives, locales, communales et régionales.

Nous, Catholiques romains, savons que nous venons d'entrer dans le temps de l'action.

Chrétiens, non socialistes non capitalistes, savons que ce devoir d'agir est la concrétisation du devoir d'espérance faisant de nous des Hommes debout.

La crise financière mondiale nous convoque, nous, écologistes intégraux, comme jamais elle ne convoqua par le passé les femmes et les hommes de foi et d'espérance. Les Hommes de charité.

Notre heure est venue.

L'heure de la poétisation du monde par l'action.