Viva Pasolini !
"Revenons en arrière, les poings fermés, et faisons table rase. Et vous ne serez plus devant le fait accompli d'un pouvoir désormais voué à durer éternellement. Votre problème ne sera plus de sauver ce qui peut l'être. Pas de compromis. Revenons en arrière. Vive la pauvreté. Vive la lutte communiste pour les biens nécessaires."
Pier Paolo Pasolini, « La Nouvelle Jeunesse », 1979
"Il faut refuser ce développement… les communistes qui acceptent ce "développement" en tenant pour irréversibles l'industrialisation totale et le mode de vie qu'elle suppose, feraient certes preuve de réalisme, si le diagnostic était incontestablement sûr et juste. Cependant, il n'est pas dit - et nous en avons désormais des preuves - que ce "développement" doive se poursuivre de la façon dont il a commencé .. et, étant donné que l'on devra faire table rase .. Il s'agit d'autre chose que de proposer de nouveaux "modèles" au "développement" tel que nous le connaissons actuellement".
Pier Paolo Pasolini, « La Nouvelle Jeunesse », 1979
Nous nous sommes trompé en croyant qu'il était impossible que les hommes puissent autant changer en si peu de temps, que les enfants
grandissent si vite, voués
à un nouveau destin. Et tout cela pour mille lires
de plus en poche. ..
Il ne leur suffisait pas
d'avoir perdu contact avec la réalité, ils devaient également
en perdre l'illusion ! Ces mille lires de plus en poche
qui vous avaient fait croire qu'une fête patronale sans fin
commençait, pauvres frères, c'était l'argent
du jour de votre fin. Pleine de peur,
la sainte vache maigre s'est perdue
à jamais dans vos yeux, la vache grasse rit
sans dignité. Mais nous avons également fait une autre erreur
Nous avons cru que ce changement
devrait être toute la nouvelle histoire. .."
Poèsie populaire
"...
Bien entendu, qui condamnait
ne s'est aperçu de rien :
il continue à rire de l'innocence,
à se désintéresser du sous-prolétariat,
et à déclarer ses sentiments réactionnaires.
Imperturbable, il va de son domicile
au bureau, du bureau à son domicile,
ou encore, il enseigne lalittérature :
Le progressisme le comble
et lui fait paraître sacro-saint
le devoir d'enseigner aux domestiques
l'alphabet des écoles bourgeoises.
Le laicisme le comble
pour lequel il est plus que naturel
que les pauvres aient une maison,
une voiture et le reste.
La rationalité le comble
qui lui permet de pratiquer un antifascisme
gratifiant et électif,
et surtout très populaire.
Que tout ceci soit banal,
il ne le soupçonne même pas :
de fait, qu'il en soit ainsi ou non,
cela ne lui rapporte rien.
..." Vers fins comme la pluie
"...
Non, Amendola* et les autres camarades
refusent la misère,
ils ne veulent ni la régression ni la récession,
le mot d'ordre est "En avant" !
Bien sûr, mais si
la régression et la récession
deviennent une réalité,
marcheront ils sur leurs pieds ?
Auparavant, ce qu'il fallait faire
C'était sauver ce qui pouvait l'être,
lier civilisation tehnique
et humanisme marxiste.
(Lier profits
et justes salaires,
lier course à la consommation
et conscience politique)
Maintenant, sur le bord du gouffre (?)
il semblerait qu'il ne faille se préoccuper
que de maintenir l'ordre
(ou d'éviter les désordres).
...
Les fils des pauvres tremblent
ou se taisent comme les fils des riches
les meilleurs. Ou encore,
ils haissent et méprisent,
comme les pires fils des riches.
Les Hommes de Pouvoir
ne s'en soucient guère,
les leaders communistes rient en Belgique."
Pier Paolo Pasolini, Questions d'un communiste du rang