En Colombie, les Indiens de la tribu Nasa, exaspérés par un conflit qui dure depuis 1964, veulent chasser à la fois l’armée et la guérilla d’extrême-gauche de leur territoire. ORIBIO – Les échauffourées entre militaires et membres d’une importante communauté indigène du sud-ouest de la Colombie qui veulent chasser à la fois l’armée et la guérilla de leur territoire se sont poursuivies ces dernières heures, avec la reprise d’une base par les forces de l’ordre. La police anti-émeute a délogé à l’aube mercredi des indigènes qui avaient investi un poste militaire dans les environs de Toribio (province du Cauca), a indiqué à l’AFP le colonel Ricardo Alarcon, commandant de la police dans cette zone. Il y a eu des résistances (de la part des occupants), il y a eu des escarmouches, mais il n’y pas de blessés parmi les policiers, a-t-il assuré. Du côté des occupants, on déplore quatre ou cinq blessés, une personne arrêtée et une personne disparue, a détaillé à l’AFP Carlos Andrés Alfonso, représentant de l’Association des conseils indigènes de la région. Environ 500 indiens Nasa restent aux environs de la base et nous espérons que plus de personnes se mobilisent, parce que nous n’allons pas nous laisser intimider, a poursuivi M. Alfonso, ajoutant espérer que le gouvernement ouvre le dialogue. Les indigènes ont également annoncé mercredi avoir capturé quatre membres de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). La communauté détient quatre guérilleros (…) On doit réviser leur situation, a déclaré M. Alfonso, sans préciser si les rebelles seraient livrés aux autorités. Un peu plus tôt, près de Toribio, dans le village de Caldono, un indigène de 22 ans a été tué à un barrage militaire, vraisemblblement en raison d’une erreur d’un soldat, a indiqué à l’AFP un membre du conseil local Albeiro Calambas, un décès confirmé par l’armée. Le président Juan Manuel Santos, qui devait se rendre dans la région, a indiqué sur son compte Twitter que le ministre de l’Intérieur (Federico Renjifo) était autorisé à ouvrir une table de négociations avec les indigènes dès que cesseront les agressions. Je ne veux pas voir un seul indigène dans les bases militaires, a toutefois averti le président. Des centaines de membres de l’importante communauté indigène de Toribio (qui compte environ 26.000 habitants) avaient délogé mardi des militaires postés au sommet de la colline El Berlin. Depuis une semaine, les autorités indigènes de la zone exigent le départ de leur territoire des forces armées aussi bien que des membres de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), et demandent que la sécurité passe à la charge de la Garde indigène. La région montagneuse du Cauca est l’une des zones les plus affectées par le conflit armé qui oppose depuis un demi-siècle l’Etat colombien et les guérillas de gauche. La région est aussi considérée comme un important couloir de transit de cocaïne vers l’océan Pacifique.

La «Garde indigène» de la communauté Nasa a décidé de prendre les choses en main. Ils ont mobilisé près de 3.000 hommes qui sont partis à la reconquête de leur territoire.

Source: Le Figaro.fr et AFP le 19 juillet 2012