Après avoir publié une incontournable biographie du « chasseur au crayon », Stéphan Carbonnaux livre ici une intelligente anthologie de textes et de dessins et gravures du grand naturaliste suisse. Nous autres chrétiens, français et européens, insistons beaucoup sur le patrimoine spirituel et culturel de notre civilisation mais dans notre propension a l’abstraction oublions trop souvent que notre pays et notre continent font partie de la Création et ont un corps, une chair – et que ce corps natif, primaire, originel, c’est la nature sauvage - cet Eden que l’homme a été chargé de cultiver et de garder (comme toujours en chrétienté catholique, il y a une grande importance dans ce et, qui montre bien que dès l’origine le rapport de l’homme a la Création doit être doublement responsable : la cultiver et la garder, la respecter, la conserver, la protéger, la restaurer – le contraire même de l’exploitation moderne de la nature, totale et intensive). Dans son Cantique de l’ours (Transboréal, 2008), Carbonnaux chantait une ballade toute franciscaine en faveur de notre « frère sauvage ». « Frère Ours », aurait dit saint François. Et c’est bien de la leçon de Gubbio qu’il conviendrait enfin de nous inspirer dans nos rapports avec « Frère Loup », « Frère Lynx » et les autres… Un christianisme authentique ne peut tolérer cette destruction insensée de la Création. Utopie ? Non : en Espagne, en Italie, en Slovénie et ailleurs, les paysans sont familiers des fauves de nos forêts et les chasseurs sont leurs premiers défenseurs…

Stéphan Carbonnaux, Les Forêts sauvages de Robert Hainard, Editions Hesse, 180 pages