Les élections approchent. Et un vent de folie souffle au dessus des hommes. Pendant cinq ans la population est restée calme et tranquille ; pendant cinq ans, l’électeur jouissant de ses droits civiques et politiques s’est tenu à l’écart de tout ce qui se passait dans le pays ; il est resté sourd à tout les appels de ceux qui s’intéressent sincèrement à son sort ; mais les élections approchent, et tout à coup, comme mû par un ressort, il se souvient qu’il est le maître ; que rien ne se fait sans lui ; qu’il est le peuple souverain, qu’il fait des lois qu’il ignore, et sa valeur le gonfle d’orgueil.



Les élections approchent, et les murs se couvrent de placards multicolores, sur lesquels le candidat, les candidats, offrent et promettent à leurs électeurs un avenir plein de bonheur et de jouissance.



La foire électorale est ouverte. Les adversaires se mesurent, et nous nous garderons bien de rappeler toutes les insanités, toutes les ignominies, toutes les insultes, toutes les injures que se lancent mutuellement les nombreux candidats. C’est l’étalage le plus répugnant, le plus infâme, le plus honteux de toutes les bassesses et de toutes les tares individuelles. Ça ne fait rien. C’est parmi ces hommes, qui n’hésitent pas à étaler leurs vices, que l’électeur doit choisir son représentant.

Encyclopédie anarchiste, 1934, actualisée par Cristero anarchriste.