Si le mot droite a jamais voulu dire quelque chose de noble, il est temps pour les Français qui disent se reconnaître dans ses sonorités de le montrer : et pour cela aucune de leurs voix ne doit aller à Nicolas Sarkozy, car pour ce second tour de l’arnaque quinquennale, c’est l’abstention qui doit gagner.

D’une part, aucune voix catholique ne peut aller à Hollande ni à Sarkozy car il n’y a pas de moindre mal ni d’un côté ni de l’autre dans leurs arrière-programmes dont l’application – qui ne sera que celle de l’air du temps de l’oligarchie – continuera de détricoter cette civilisation, maille après maille. Les cathos qui iront voter récolteront de toute façon contre leurs naïfs suffrages le mariage homosexuel, l’euthanasie, la puissance de la banque et de l’argent, l’immigration destructrice et la vilaine bonne pensée sur leurs ondes.

Pour les catholiques qui aiment encore la gauche, l’alternative est la même : ou l’abstention, ou le vote et le déshonneur. Car ce n’est pas de François Hollande que viendra la justice, c’est même tout le contraire. Les barons de la City et de Wall Street auront les mains toujours aussi libres pour accomplir leur sale besogne quand il trônera à l’Elysée.

Oh, certes, personne n’ira en enfer pour avoir accordé sa voix à l’un ou l’autre, je vous rassure tout de suite. Voter dans ces circonstances ou s’abstenir relève du choix de civilisation et non d’une pureté personnelle. Mais si l’on veut que le mot politique désigne encore quelque chose, si l’on veut que la cité des hommes continue d’exister, le chemin est tout indiqué. Il faut simplement que les deux impétrants réunissent à eux deux moins de la moitié des inscrits. Ce désaveu cinglant donnerait enfin la mesure de leur illégitimité, la mesure de l’illégitimité de cette oligarchie entière à gouverner qui ne sait pas plus se conduire en son privé qu’entendre le cri du bien commun. On va nous faire croire que le destin de la France se jouera sur des ajustements fiscaux ou encore sur la renégociation d’on ne sait quel traité européen, quand c’est une anthropologie qui est en cause. Encore une fois, veut-on des consommateurs ou des citoyens, veut-on des drogués au progrès ou des hommes libres, veut-on une patrie indépendante et amoureuse, universelle et consciente d’elle-même, ou une collection de robots dont le bien-être se mesure à coup d’indices économiques ? Veut-on des familles structurées et ouvertes sur la cité, ou des dividus qui toujours chérissent leur jouissance avant tout ? Veut-on la sueur et la grandeur, ou la machine et l’obésité ?

C’est le moment de faire exploser cette droite libérale perfusée au fric et à la domination qui depuis quarante ans berne l’homme de bonne volonté, et parfois même l’élu local plein de bonnes intentions qui comprend mais un peu tard qu’il n’était qu’un rouage infime de la grande usine partisane qui ne recherche rien d’autre que la vanité du pouvoir dont elle peine à exercer les devoirs les plus élémentaires. C’est le moment de réorganiser de fond en comble cette démocratie en sacrifiant les partis sur l’autel de la patrie et du bien de tous les Français. C’est le moment de montrer que ce n’était pas en vain que la France fut un jour appelée le pays des hommes libres.

Ce sera l’honneur de notre génération, et ça commence maintenant.

Jacques de Guillebon pour Nouvelles de France