Faiseurs de profit, lutteurs pour le gain,

Quel est votre dessein, quel but poursuivez-vous ?

Engendreurs de guerre, créateurs de douleur,

Quelle gloire tirez-vous de votre contrôle du monde ?

Regardez vos doigts, ces pinces d’acier,

Destructeurs de liberté, mutilateurs de joie !

Après le triomphe, une fois l’affaire emportée,

Combien de tout ce que vous aurez gagné ne s’avérera-t-il pas alliage sans valeur ?

Accapareurs d’argent, coureurs de bénéfices

Que pouvez-vous bien faire de tout ce dont vous vous emparez ?

Promoteurs de haine, engendreurs de tourment

N’y a-t-il plus de fin à votre aveugle désir ?

Poinçonné sur votre visage en chiffres d’airain,

Vous portez le prix que la misère a dû payer pour qu’atteinte soit votre cible !

Comment vous comporterez-vous si, par millions, ils se rassemblent,

Ceux que vous condamnez à la torture et à la honte,

Bourreaux de la jeunesse, Dépravateurs des adultes ?

Faiseurs de profit, amants du lucre,

Toutes les routes aboutissent à quelque sorte de tombe.

Après avoir pillé, assassiné, pour parvenir,

Comment répondrez-vous à ceux que vous corrompez ?

Comment vous préparez-vous à rencontrer la marée qui monte ?

Aveugles comme la taupe, sans plus de coeur qu’une pierre,

O voraces, il vous faudra bientôt dégorger,

Vous tomberez de votre trône, vous courberez la nuque…

Mieux vaudrait pour vous détruire les fers que vous forgez.

Jack Greenberg, "Les faiseurs de profit", L’Unique, n°2 juillet, 1945.