Beaucoup a été dit sur les événements qui ont fait trembler le monde arabe, faisant chuter les régimes autoritaires dont le début a été en Tunisie et la fin ne sera pas en Libye. Ces événements ont causé un choque au monde entier. Un tel choque et une telle surprise que tant en orient qu'en occident, on n'a pas pu présenter un analyse ni une interprétation, à travers les théories et les hypothèses, traditionnellement prises comme des règles fixes de la géopolitique de la région. Parmi ces théories, celle de l'incapacité des peuples du monde arabe de jouer un rôle actif dans leur vie politique et leur destin. Les changements politiques dans le monde arabe ont toujours été vus comme des résultats directs des corrélations de forces et d'intérêts stratégiques entre les différentes puissances qui exercent de l'influence sur les enjeux politiques de la région. /// Il est important alors d'enlever, pour un instant, la vitre imposée par ces règles préfixes, et regarder ce qui se passe au moyen orient directement et dans leur pure illustration. Étant concrètement rationnels, nous devons d'abord reconnaitre, que les événements vécus dans le monde arabe a l'heure actuelle sont des véritables révolutions populaires, motivées par le manque de justice sociale, libertés essentielles, démocratie et la subordination aux grandes puissance d'occident, spécialement les États Unis.

Ces révolutions sont directement dirigées contres les régimes arabes qui ont gouverné pendant trios ou quatre décennies, souvent sans changer de leader. Ces régimes sont tenus par des élites financières et dans certains cas aussi militaires, qui ont justifiée leur arrive au pouvoir, appelants leurs coups d'états des "révolutions" cherchant de la légitimité. Certains ont utilisé le conflit arabo israélien et ses nécessités pour justifier leur caractère totalitaire et la répression exercée contre leurs Peuples. D'autres ont utilisé des conflits avec d'autres pays arabes et les besoins de la sécurité nationale. Cette dernière excuse a remplacée la première dans beaucoup des cas, comme celui de l'Égypte.

Les régimes arabes

Pour comprendre la nature et les effets de ces révolutions, il faut comprendre la nature et les origines de ces régimes. Les régimes arabes varient dans leur forme extérieure, entre des monarchies, républiques, ou des principautés héréditaires. Il y a 4 monarchies, 4 principautés et 12 républiques. La Palestine et le Liban sont les seuls deux pays, ou le pouvoir n'est pas tenu par une personne, une famille, un parti ou une communauté religieuse ou ethnique.

Les pays arabes sont 22 et ils sont devenus des unités politiques indépendantes par des accords signés entre les puissances qui les colonisaient. La France et l'Espagne se sont divisé le Maghreb arabe dans les accords signés en 1904, dans lesquels elles ont laissé l'Égypte à l'Angleterre, en échange de que cette dernière la laisse faire dans la partie ouest du monde arabe. Puis dans la même année, la France et l'Espagne ont dessinées les frontières des pays du Maghreb. En 1906 et 19011 la France a eu la reconnaissance de l'Allemagne à sa souveraineté au Maghreb en échange du Congo français, devenu désormais allemand, aux congres d'Algesiras. Au Mashreq, la France et l'Angleterre se sont divisé le Levant dans les accords de Sykes-Picot, créant ainsi les frontières de la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Iraq et la Palestine.

Certains pays étaient déjà des unités administratives sous l'empire Ottoman, comme la Syrie, la Palestine et l'Iraq. Les frontières artificielles qui ont découpé un territoire et une population, qui était depuis l'Empire Romain une seule unité, ont été héritées par les gouvernements qui ont été crées suite aux indépendances, faisant la base des régimes qui verront le jour peu de temps âpres. Quelques pays ont été crées pour les régimes. C'est-à-dire que les régimes ont été crées d'abord et âpres les pays, toujours par la force colonisatrice. Un exemple très claire est la Jordanie, dont gouverné la famille Hachémite.

La même famille gouvernait en Iraq avant d'être renversée par la révolution de 1958 qui a eu comme résultat l'assassinat du roi Faysal 2e et la proclamation de la république Iraquienne, qui a souffert beaucoup des coups d'état, avant de terminer en mains de Saddam Hussein.

Le système official arabe

Lors qu'on parle des régimes arabes, on peut parler d'un "système officiel arabe" qui partage des caractéristiques essentielles. Ce système, ou ensemble des régimes, sont des régimes "Néo – patriarcales". Un système politique néo – patriarcale est un système qui rassemble les caractéristiques bureaucratiques rationalistes des systèmes modernes, et les rapports traditionalistes patriarcaux et tribaux, hérités de l'ancien système d'organisation sociale, avant la création de l'état (dans ce cas avant l'Independence).

Un système néo – patriarcale a toujours cinq caractéristiques essentielles: D'abord, la personnalisation du pouvoir, comme dans tous les régimes arabes, en exception du Liban, le système politique est construit autour de la personne du chef, qu'il soit roi, prince, sultan, ou le "guide de la révolution".

En suite, le clientélisme. Dans tous les régimes arabes les richesses et les services sont distribués de forme clientéliste. La tété du régime, le chef, prend la part du lion, et donne a ses plus proches, pour maintenir leur loyauté. Eux a leur tour, donnent à leurs proches, et la chaine continue ainsi. Pour atteindre le moindre des services ou des droits il faut trouver un piston et se rapprocher du clan du système.

Ensuite, un système néo – patriarcale a des sources de financement étranges aux citoyens. Comme les pays du Golfe, le gouvernement ne lève pas des impôts, car il trouve sa source de financement dans le pétrole. Les pays arabes qui produisent du gaz ont aussi la même caractéristique. Ceux qui n'ont pas les mêmes moyens se nourrissent de la corruption financière aux plus hauts niveaux. Cette caractéristique réduit toute possibilité, de développer une culture d'interpellation populaires aux responsables politiques au nul. Puisque l'argent ne sort pas des poches du peuple, alors le regime n'est pas questionné sur ce qu'il fait de cet argent, ni comment il le distribue.

En suite, la culturisation de la corruption. Cette caractéristique signifie que la corruption n'est plus vue comme un crime, ou quelque chose du mal, car elle devient partie du système et tout le monde la pratique, car ils n'ont pas le choix. Cette culturisation de la corruption est présente dans tous les régimes arabes.

Finalement, le machisme. Dans les régimes arabes, le système est dirigé par des hommes, même si les femmes sont présentes dans les différents domaines de la vie publique. Certains régimes, comme le syrien, laissent aux femmes la possibilité d'arriver jusqu'aux positions les plus hautes, comme les ministères, mais cette présence reste largement symbolique, ou dans la meilleure des cas, c'est une présence restreinte au cas particulaires, et le système est contrôlé par les hommes. Quoi dire alors des régimes traditionalistes, ou les femmes sont complètements absentes, ou les régimes fondamentalistes, comme l'Arabie Saoudite, ou la femme n'a même pas le droit de sortir dans la rue sans être accompagnée d'un homme de sa famille?

La crise de légitimité

Les régimes arabes qui ont émergé depuis les indépendances de leurs pays, souffrent depuis longtemps d'une crise de légitimité. Chacun de ces régimes a souvent une seule source de légitimité, qui perde sa validité sans arrêt. Les régimes héréditaires, comme les monarchies et les principautés, tirent leur légitimité souvent d'un droit religieux. L'appartenance a la famille du prophète, comme dans le cas de la monarchie Hachémite en Jordanie, ou la monarchie Alaouite au Maroc, ou le fait d'être le protecteur du domaine saint, comme la monarchie des Saoudes. Elles font souvent des alliances avec un courant religieux, comme les Ouahabites en Arabie Seoudite, pour fortifier leur légitimité se montrant défenseur de l'Islam et porteur de sa foi. Les principautés qui n'ont pas ce coté religieux, comme les Émirats Arabes Unis, s'appuient sur le droit de la tradition de la tribu et ses alliances tribales.

Les régimes dits républicains s'appuient sur le droit tiré de la "guidance de la révolution" qui peut signifier le mouvement de libération du colonialisme, qui a aboutit a l'Independence, comme en Algérie, ou un coup d'état contre un ancien régime monarchique, comme en Lybie, ou contre un autre régime républicain qui a son tour a renversée une monarchie, pour se faire appeler plus tard "contre révolutionnaire" par des Co-révolutionnaires qui les renversent, comme en Syrie.

La recherche de la légitimité

Dans leur crise de légitimité, les régimes arabes actuels ont toujours cherchée une justification pour leur imposition illégitime, ainsi que pour leur répression et leurs exigences de loyauté aux peuples. Ces justifications ont connu deux périodes: La période du conflit arabo israélien et la cause palestinienne, et la période de la sécurité nationale.

• Le conflit avec Israël et la cause palestinienne:

La première période était celle de la justification par le conflit arabo-israélien, puis par le soutien a la cause palestinienne. Cette période s'est prolongée depuis le début de ces régimes jusqu'à la fin des années soixante-dix. Elle a commencé a trouver sa fin âpres la guerre d'Octobre 1973 et surtout âpres la visite du président égyptien Anouar Sadat a Jérusalem et son discours prononcé devant la Knesset israélienne en 1976: Cette visite qui a été suivi par les accord de paix entre l'Égypte et Israël signés a Camp David en 1978.

Pendant cette période, les régimes arabes se sont appuyés dans leur discours et pratique, sur les nécessités du conflit avec Israël, et le soutien de la cause palestinienne pour justifier le manque de démocratie et la répression. L'idée était de faire croire que les reformes intérieures sont des besoins secondaires qui pouvaient attendre, et que la bonne action des citoyens était de maintenir l'unité derrière le régime/le chef pour faire face a Israël.

La guerre des six jours en juin 1967 a fait chuter l'image des régimes arabes libérateurs de la Palestine, surtout âpres la défaite humiliante de trois armées arabes devant Israël en six jours. En mars 1968, les Fedayin – Les combattants de la résistance palestinienne, sont montés sur la scène pour occuper la place de l'avant-garde arabe contre Israël. Cette place était laissée vide par les régimes arabes par leur défaite face a Israël, et les guérillas palestiniennes l'ont pris âpres la bataille de Al Karamah, ou avec l'aide de l'artillerie jordanienne, les Fedayin ont pu arrêter l'invasion israélienne dans la rive Est du Jourdain. Suite a 16 heures de combat, Ils ont obligée l'armée israélienne a reculer laissant derrière ses chars détruits et ses soldats morts, marquants ainsi la première victoire arabe contre Israël, quelques mois âpres la défaite de juin 1967. Cette nouvelle situation post – juin 67 a fait changer le prétexte des régimes arabes. Il n'était plus le conflit contre Israël, mais la cause palestinienne. Le changement d'appellation était alors accompagné d'un nouveau débat. Celui de la "décision palestinienne indépendante". En 1974 la Ligue des États Arabes a reconnu, dans sa réunion de sommet à Rabat, le droit exclusif de l'OLP a représenter le peuple palestinien dans tout le monde. Cette décision était une auto – libération arabe de la responsabilité envers la cause palestinienne, tout en gardant la posture arabe officielle, de soutien a la cause palestinienne et du rejet de toute reconnaissance d'Israël.

• Le mouvement palestinien: une menace aux régimes:

Les palestiniens pendant ce temps sont entrés en relations conflictuelles avec les régimes arabes, dont a la tété la Jordanie. En septembre 1970 les hostilités armées entre l'armée jordanienne et les Fedayin terminent par la sortie de la résistance palestinienne de Jordanie. Les palestiniens ont vengée leur défaite face au roi Hussein, ainsi que les massacres commis par son armée dans camps de refugiés en Jordanie, en assassinant le premier ministre jordanien, Wasfi Al Tal, au Caire, dans une réunion a la ligue arabe.

Plus tard les palestiniens sont entrés participer dans la guerre civile libanaise, s'alliant avec le mouvement nationale libanais sous le commandement de Kamal Joumblatt, a coté di parti communiste, du parti socialiste, du parti syrien nationaliste et d'autres forces libanaises progressistes, contre l'État libanais. En 1976, sous les menaces des États Unis d'envahir le Liban, en cas de que l'alliance libano-palestinienne gagne la guerre contre les phalanges pro-israéliennes au pouvoir, et pour éviter cette intervention américaine au Liban, la Syrie entre au Liban pour renverser la bataille contre le mouvement nationale libanais et le palestiniens. Les palestiniens sont en guerre désormais, contre l'État libanais et l'État syrien, six ans âpres d'avoir été en guerre contre l'État jordanien.

Tout cela montre comment les régimes arabes avaient une vision fonctionnaliste de la cause palestinienne. Ils se montraient tous comme ses protecteurs, mais ils craignaient tous son influence dans leurs pays. Ils voulaient les palestiniens, mais loin de chez eux. Surtout vu que le discours palestinien qui contestait les régimes arabes, les appelants "réactionnaires" et "traitres" de la cause palestinienne. Ce discours était capable de mobiliser la jeunesse des pays arabes autour de la cause de la Palestine. Beaucoup ont laissée leurs pays pour rejoindre les organisations de l'OLP et participer activement au combat. Désormais, la question de la "révolution palestinienne" était devenue le centre de la mobilisation politique au monde arabe, et alors vue par les régimes comme une menace.

• La sécurité nationale:

La deuxième période de la recherche arabe pour la légitimité, était celle de la sécurité nationale. A partir de 1981 avec l'assassinat d'Anwar Al Sadat, la rhétorique des régimes arabes a changée. La question centrale autour de la quelle ces régimes réunissaient le soutien populaire n'était plus la cause palestinienne, mais la sécurité nationale. En Égypte, et suite a la mort du président Sadat, le vise président Moubarak annonce l'état d'urgence. Désormais, l'excuse parfaite pour la répression était la sécurité de la nation.

Au Golf le danger n'était plus Israël, mais l'Iran révolutionnaire qui venait d'installer son nouveau régime sous le commandement du Khomeiny. En 1981 le conseil de coopération du Golfe arabe voit le jour, formé par l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn, Kouait et Oman, avec le thème de la sécurité nationale entre au centre de ses préoccupations. Le conseil a précisé dans son bulletin de fondation que son objectif était d'agrandir la coopération entre les pays du Golfe arabe au niveau économique, politique, sociale, et sécuritaire. Âpres la révolution iranienne, les pays du Golfe ont réoccupée leur place d'alliés stratégiques des États Unis, perdue en faveur d'Israël, suite a la guerre de 1967. Cette alliance face à l'Iran était en échange de la protection américaine de leur sécurité. Ce rapport c'est renforcé âpres l'invasion de Saddam Hussein au Kouait en 1991, mais cette fois – ci contre un autre pays arabe: l'Iraq.

La montée de l'islamisme a fait l'objet de rhétorique des régimes arabes, qui accusaient des "forces extérieures" de menacer la sécurité nationale a travers des agents à l'intérieur. C'est avec cette excuse que l'État algérien a annulés les résultats des élections en 1991 dont avaient gagné les forces politiques de tendance islamique, provocant le déclenchement d'une guerre civile sanglante, dont les insurgés ont parcouru au terrorisme dirigé contre les citoyens innocents.

Ce discours de la sécurité nationale s'est renforcé plus encore âpres les événements qui se sont suivi depuis 1988 jusqu'au 1993 concernant la cause palestinienne. La 1ere Intifada, la guerre du Golfe ayant comme résultat la chute de l'Iraq autant que puissance régionale, et les accords d'Oslo entre l'OLP et Israël. Il s'est renforcé plus encore, depuis 2001 avec la guerre lancée par les États Unis "contre le terrorisme" en 2001 suite aux attentats du 11 septembre à New York et Washington. Les régimes arabes désormais courent pour gagner la protection des États Unis en échange de leur coopération dans la lute contre le terrorisme, et le fantôme d'Al Qaeda.

Le néolibéralisme et la montée vers la révolution

Âpres les accords de Camp David, et dans la tempête des sévères critiques au régime égyptien a cause de ses traités de paix avec Israël, le président Anwar Sadat a dit que les égyptiens allaient désormais manger dans des cuillères d'or. Une blague égyptienne disait que le président a oublié préciser qu'est ce que les égyptiens allaient manger exactement.

L'accord de Camp David s'est inscrit dans le cadre d'une ouverture plus large à l'Ouest, dont une des caractéristiques a été justement l'adoption du modèle néolibérale dans l'économie. Une des premières exigences imposes sur l'Égypte de la part du FMI était de raccourcir les dépenses de l'état en forme des salaries publiques. L'armée était une des institutions qui a souffert le plus. Presque 800 000 soldats ont été renvoyés. Les égyptiens qui ont libéré le canal du Suez en 1973 portants le drapeau égyptien et criant "Allah Akbar" se sont trouvés désormais en chômage. Beaucoup sont devenus des immigrants dans beaucoup des pays arabes ou étrangers.

Quand l'Égypte a signés les accords de Camp David, la nation arabe entière a décidé de punir a ce pays par le boycottant politique et économiquement. Anwar Al Sadat a décidé qu'il en avait assez avec ses relations avec l'Ouest et a déclaré que " les arabes sans l'Égypte ne sont rien". Les arabes ont fait la paix avec l'Égypte consécutivement. Et même s'ils n'ont pas tous suivi l'Égypte (officiellement) dans la paix avec Israël, ils l'ont fait dans l'ouverture à l'Ouest et l'adoption du néolibéralisme. L'immersion des régimes arabes dans le nouveau ordre mondial guide par les EU a signifiée laisser faire le monopole des multinationales dans les économies locales. Ce monopole qui a systématiquement détruit beaucoup des secteurs de production locaux a représentée une nouvelle opportunité pour les élites financiers des pays arabes, qui l'ont bien saisit. Ces élites qui ont monopolisées a leur tour les agences des entreprises étrangères et le secteur d'importation, sont devenues le secteur le plus influent et fort dans les politiques de l'État. L'oligarchie traditionnelle a gagne une nouvelle dimension a cote de l'armée et des familles traditionalistes proches de celle du dictateur ou du roi.

La pauvreté et la répression armée de l'ignorance, sont typiquement accompagnées d'une dégradation culturelle. Dans les pays arabes la montée du fanatisme a pris une énergie sans précédant a partir de la moitie des années quatre vingt, au même temps que les Imams des mosquées, payés par les régimes, appelaient les jeunes a aller faire la Jihad en Afghanistan contre "les méfiants communistes" détournant au même temps les yeux loin de la Palestine. En 1991 les islamistes du Front Islamique du Salut en Algérie, se lèvent en armes contre l'état, en réponse à l'annulation des élections dont ils avaient participé et gagné au premier tour. La guerre civile en Algérie ne cessera qu'en 1999 âpres avoir couté la vie de Presque 100 000 personnes. Cette dégradation culturelle s'est exprimée dans la multiplication des chaines satellites arabes, spécialisées dans la prédication islamiste, ou dans les vidéos musicales, sans aucune fonction éducative ou culturelle. Tout ce la au même temps que les gouvernements continuaient à enlever la subvention publiques aux produits essentiels, notamment le pain, le lait, et d'autres produits alimentaires. La vie a continué à devenir de plus en plus chère et les opportunités du travail si monopolisées et difficiles a accéder. Ce la au même temps que le nombre des jeunes avec des titres professionnels a commencé à augmenter. Les sociétés arabes, étant majoritairement composées des jeunes, ont été graduellement et sans merci, soumises a la pauvreté et la misère, au même temps qu'elles devenaient de plus en plus conscientes des inégalités et des injustices sociales qui ont poussée leur nation a la marge du développement du reste des peuples du monde.

L'éruption

C'est dans ce contexte qu'un matin, dans une petite ville de Tunisie, un jeune, Mohammed Al Bouazizi, porteur d'un diplôme universitaire, vendeur des légumes dans la rue, a rencontrée un policier. Un de ses policiers qui profitent de leur pouvoir pour humilier les plus faibles. Il l'a interrogé sur le permis de sa charrette de légumes, puis il lui a cassée sa charrette aux coups de pieds, avant de lui ordonner d'aller demander un permis au bureau du ministère. Dans ce bureau, Bouazizi a rencontrée une employée, typiquement bureaucratique, qui l'a humilié, lui donnant deux claques sur son visage, pour l'obliger à être patient et attendre son tour.

Fatigué de tant d'insultes, des injustices et des agressions a sa dignité, Mohammed Al Bouazizi décidé de se bruler devant le bâtiment de la mairie, levant ainsi, a travers le feu qui consommait son corps, la voix des millions de tunisiens et d'arabes, soumis au silence pour des décennies, et déclenchant la révolte qui se propagera rapidement dans tout le pays. Milliers des jeunes insatisfaits et révoltés emploieront les moyens de technologie, notamment l'internet, pour construire et maintenir l'organisation de leur mouvement dépassant les obstacles de la répression de l'état et ses appareils de sécurité. Les revendications sociales et les protestations contre la montée des prix éclatent en Algérie, et les vents de la révolte trouvent un écho en Jordanie. L'aube du 14 janvier 2011, et devant la colère des masses qui ne quittait pas la rue, et le passage de l'armée de leur coté, le dictateur tunisien, Zein Al Abdîn Ben Ali, quitte le pays et fuit au royaume de l'Arabie Seoudite. Ainsi, Le matin du 14 janvier, annonce au monde arabe que la révolte déclenchée par l'auto immolation du jeune tunisien Mohammed Al Bouazizi a ouvert une nouvelle ère révolutionnaire pour le monde arabe.

La victoire de la révolution en Tunisie inspire milliers des jeunes en Égypte, qui descendent dans la rue le 25 janvier, se confrontant à la police du régime de Hosni Moubarak. La répression laisse dizaines de morts. Néanmoins les protestations s'intensifient, et les égyptiens, de toutes les âges, prennent le contrôle de la place centrale au Caire, "Meidan Al Tahrir" ou la place de la libération. Leur crie formule le fameux slogan qui deviendra le symbole de cette vague de révolutions: Le peuple veut la chute du régime! … A travers le monde arabe, les masses couvrent les rues et les places, criants que "Le peuple veut…" et les revendications sont incomptables…

Le 11 février, lors que la place Tahrir au cœur du Caire s'enflamme en cries de célébration, suite a l'annonce du chef des renseignements Omar Suleyman, que le président Moubarak a démissionné de son poste, des milliers des citoyens protestaient dans les rues des villes de Lybie et Bahreïn. En Lybie, face a la violence disproportionnée des milices de Gaddafi contre les civiles qui protestaient, les révoltés prendront les armes pour faire chuter le régime. La révolution devient alors armée. Au Bahreïn, au cour du golfe arabe, tout prés de l'Arabie Seoudite et des intérêts américains et occidentaux, ainsi que de l'Iran révolutionnaire, Chiite comme la majorité des Bahreïniens marginalisés, les forces du pouvoir interviennent de façon violente, soutenues par des forces Seoudiennes et d'autres pays arabes. La révolution est écrasée de manière sanglante. Mais les vents de la révolutions souffleront quelques jours plus tard a Daraa, au sud de la Syrie, pour se propager dans le pays entier.

Le « Nouveau Moyen Orient »

En juillet 2006, la secrétaire d’état américain, Condaliza Rise, s’exprimait à propos de la guerre israélienne au Liban, annonçant que le monde faisait présence à la naissance d’un « Nouveau Moyen Orient », dont la guerre au Liban n’était que la « douleur de parturition ». Quand la secrétaire d’état américain faisait la terrible comparaison entre la naissance d’un enfant et la destruction d’un pays, elle pensait surement à un Moyen Orient plus soumis que jamais aux intérêts stratégiques des Etats Unis, après la disparition des dernières forces résistantes à sa politique dans la région.

Mais le destin l’a voulu différemment. La vision américaine du Moyen Orient, portée sur les chenilles des chars du TSAHAL s’est arreté dans les vallées et les ruelles des villages du Sud du Liban. Pour la deuxième fois en moins de six ans, l’armée israélienne doit faire le demi - tour et sortir du Liban devant la résistance libanaise. L’administration Bush est partie de la maison blanche après une décennie des guerres sanglantes et militarisation au monde entier, sans avoir vu la naissance du Moyen Orient dont rêvait Condalezza Rice.

Lorsque l’administration américaine a pensé à créer un Nouveau Moyen Orient, en particulier aux pays arabes de la région, elle visait sans doute l’intégration de tout le monde arabe dans le « Ordre Camp David ».

Par cela on veut dire ; l’insertion de tous les pays arabes, dans le réseau des systèmes politiques, alliés « de façon inégal » des Etats Unis. Garantissant la sécurité de ses intérêts stratégiques dans la région et celle d’Israël, et justifiant la répression de leurs peuples par cette sécurité, en l’interprétant comme partie faisant de leur sécurité nationale. En échange de cela, ces régimes reçoivent le soutien politique, économique et militaire et sécuritaire des Etats Unis. Ce réseau des pays sont, bien entendu, des espaces du marché libre ouverts et intégrés dans le système économique global. On appelle le groupe des régimes arabes « Le Ordre Camp David » par référence à l’accord de paix entre l’Egypte et Israël en 1978, qui a inauguré la période postérieure, connue comme la « période Camp David ».

Par ce la on comprend plusieurs choses. D’abord, que les régimes autoritaires arabes, tout en étant indépendants, et dans certains cas opposés, forment, par leurs relations avec les Etats Unis et par leur corrélations, un seul système régional favorable à l’hégémonie américaine. Ensuite, que le caractère autoritaire des régimes arabes est un avantage pour la politique américaine au moyen Orient, puisque toute opposition aux régimes est étouffée, y compris les forces opposées à l’hégémonie américaine. Le manque de liberté et de démocratie dans les pays arabes est au service des Etats Unis et d’Israël. Enfin, il faut souligner que la Syrie et le Liban sont deux exceptions.

Le Liban, étant composé de plusieurs communautés, opposées entre elles et cherchant chacune des alliances et de protection hors du Liban, manque de l’homogénéité nécessaire pour y imposer une agenda politique unique. Surtout étant donné que le système politique fondé près la guerre civile, dans les accords d’Al Taef, est basé sur l’équilibre fragile entre les forces politiques correspondantes aux communautés confessionnelles. Les vignt ans d’occupation israélienne au Sud du pays (1982 – 2000) ont créé les conditions pour le développement d’une conscience résistante entre une grande partie des libanais, et surtout dans la communauté chiite, pour longtemps marginalisé et appauvrie, et fortement influencée par l’esprit et les idées de la révolution iranienne. Leur mouvement armé, le Hezbollah, qui a pris l’avant – garde de la résistance à Israël depuis le début des années quatre – vingt - dix, est devenu une force politique impossible d’ignorer, et un joueur principal dans la scène politique libanaise. Ce la a été consacré d’avantage après la fin de la guerre du Liban en mai 2000, par la retraite de l’armée israélienne du Sud libanais occupé depuis vignt ans, et la fortification des guérillas du Hezbollah aux frontières de l’Etat hébreu, annonçant la « Libération du Sud » et après la guerre échouée d’Israël contre le Liban en 2006, ce qui a été reçu en Liban comme une victoire de Hezbollah.

La Syrie est un cas particulaire. Son régime base sa légitimité sur son auto présentation autant que l’opposé du régime égyptien issu de Camp David. Il refuse récupérer son territoire occupé au Golan à travers un accord de paix, liant la solution de la question du Golan à la solution totale du conflit israélo-arabe, y compris toutes les questions concertantes aux palestiniens. Au même temps, il empêche, depuis 1967, toute action armée contre Israël depuis ses frontières, selon le régime pour « maintenir l’équilibre des forces » et ne pas donner à Israël l’excuse de menacer son territoire. Pour des raisons officiellement différentes et depuis la guerre d’octobre 1973, le régime syrien, comme l’égyptien, protège lui aussi les frontières d’Israël. Néanmoins ce régime n’est pas tout a fait intégré dans le Ordre Camp David. Par son refus à la reconnaissance de la légitimité d’Israël, il est un obstacle devant la normalisation du statut de l’Etat hébreu dans la région, et par conséquence, devant la liquidation des revendications contradictoires à cette normalisation, notamment, le droit au retour des réfugiés palestiniens. En plus, le régime syrien contre –balance la puissance régionale d’Israël, en soutenant les forces de résistance à ses politiques. La Syrie non seulement fournit un soutien logistique au Hezbollah, mais aussi elle lui soutient politiquement à travers son influence dans la scène politique libanaise. La Syrie aussi accueil dans sa capitale les directions de l’opposition et de la résistance palestinienne, dont les chefs et figures du Hamas, la Jihad Islamique et le FPLP. Ses militants et combattants, comme ceux du Hezbollah, réjouissent dans son territoire d’une liberté de circulation, organisation et d’entrainement.

Le projet du « nouveau Moyen Orient » des Nouveaux Conservateurs visait la disparition des forces, qui représentent des obstacles devant la naturalisation d’Israël dans la région, à la mondialisation américaine du modèle néolibérale et, par conséquence, devant les intérêts stratégiques des Etats Unis. Ces forces ont été auparavant identifiées par le président américain George Bush comme parties faisant de « l’Axe du mal », comprenant La Syrie, L’Iran, l’Iraq de Saddam Hussein, le Hezbollah libanais et les organisations de résistance palestiniennes. L’Egypte de Moubarak, la Jordanie monarchique des Hachémites et le royaume Wahhabite des Soudes étaient au contraire, aux cotés d’Israël, des alliés stratégiques des Etats Unis dans la région. Le but du « Nouvel Moyen Orient » n’était pas alors, la propagation de la démocratie dans la région, mais l’imposition du « Ordre Camp David » de façon absolue et définitive, par la force.


Le nouveau « Nouveau Moyen Orient »

Quand les médias au monde entier annonçaient, officiellement, que le dictateur tunisien, Zein Al Abdîn Ben Ali, avait quitté son pays pour l’Arabie Saoudite, ni l’administration américaine d’Obama, ni personne d’autre au Moyen Orient ni ailleurs, ne savait que dans un mois, le régime totalitaire de Hosni Moubarak en Egypte, allait s’effondre de la même façon. La Tunisie est le berceau de la révolution. Mais le cœur du monde arabe se trouve en Egypte. Le cœur de l’Ordre Camp David, lui aussi, se trouve dans son régime. Dirigé par « l’héro du coup aérien » dans la guerre d’octobre de 1973 et fondé par son prédécesseur, Mohamed Anouar Al Sadat. Ingénieur des accords de paix qui ont sorti l’Egypte, à l’époque, avec tout son poids, de la sphère du conflit, laissant le chemin ouvert à Israël, pour envahir le Liban et le détruire, dans sa campagne pour liquider la résistance palestinienne.

C’était alors sur les décombres de Bierut, et sur les cadavres défigurés à Sabra et Chatila que l’ordre « de sécurité et de paix » de Camp David a été fondé. Et c’est sur cet ordre que l’OLP a bâtit sa nouvelle stratégie, politique et diplomatique, qui l’a amenée jusqu'à la conférence de Madrid, et en suite les accords d’Oslo. Donnant naissance à un nouvel organisme administrative, sans pouvoir ni fonction réelle, que celle de négocier pour le but même de négocier, et masquer la continuité de l’occupation. Ce nouvel organe, l’autorité palestinienne, est devenu, dans ses caractéristiques et nature, selon ses propres leaders, une partie intégrale du système arabe officiel. C'est-à-dire, l’ensemble des systèmes néo patrimoniales du monde arabe.

L’Ordre Camp David a garantit a Israël un chemin qui semblait possible, même si difficile, pour naturaliser son statut dans la région. Le repoussement et le décalage des négociations « du statut finale » ont éloigné le débat sur le droit du retour des réfugiés, dont sa négation de la part de l’Etat hébreu est l’obstacle principal devant cette naturalisation.

Israël se lança désormais dans une série des relations bilatérales avec les pays de la région, arabes et non arabes. Dans le but de créer des liens d’interdépendance, qui rendraient inévitable, dans un avenir proche, un accord politique définitif mettant fin au conflit. Israël signa une longue série d’accords de coopération avec la Jordanie, l’Egypte et la Turquie. Mais le fait que la plupart de ses accords se centraient dans la coopération au niveau sécuritaire et militaire, et le fait que les accords économiques concernant les ressources, comme les accords du partage et de l’exportation des eaux du Jourdain avec la Jordanie, et les accords sur l’importation du gaz naturel avec l’Egypte, étaient et continuent à l’être, largement inégalitaires, mettent un point d’interrogation sur la crédibilité de cette naturalisation et intégration de l’Etat hébreu. La chute du régime de Moubarak a marqué le début de la fin de l’Ordre de Camp David. Beaucoup ne l’ont pas cru alors, et beaucoup se nient à l’accepter encore maintenant. Mais il y a une réalité que personne ne peut ignorer : Le peuple égyptien n’a pas signé les accords de Camp David, et les peuples arabes dans la région n’ont pas adhéré aux conditions crées par ces accords. Le régime de la dictature égyptienne a construit les rapports de Camp David et les régimes arabes les ont accepté, explicite ou implicitement, les imposant sur leurs peuples. L’Ordre Camp David est profondément lié au système officiel et néo patrimonial arabe, qui a commencé à tomber. La prise de l’ambassade d’Israël par les masses révoltées du Caire en Septembre 2011 n’est qu’une preuve, qu’une nouvelle ère commence à voir le jour, dans laquelle les rapports entre les pays de la région doivent changer.

La Turquie parait être, jusqu’au moment, le seul pays qui a compris ce la. Elle s’impose dans la région avec force, et impose ses nouvelles conditions. L’affaire du Mavi Marmara est un exemple. Ce bateau turc faisait partie d’une flottille humanitaire à Gaza en 2009. Il fut attaqué par la marine israélienne qui a laissés 9 activistes humanitaires turcs morts. L’exigence turque des excuses israéliennes n’est que l’instrument turc, dans cette adaptation aux nouvelles corrélations au Moyen Orient.

Israël continue à réagir de façon traditionnelle, craignant la perte des rapports militaires qui la liait à la Turquie. Elle cherche refuge dans le manque d’impartialité traditionnelle de la communauté internationale, évidemment illustrée dans le rapport du comité international d’investigation, présidé par Alvaro Uribe Velez, l’ex président colombien, le grand allié des Etats Unis et ami d’Israël en Amérique de Sud. Israël semble espérer que ses violation à la loi internationale passe à l’impunité, comme d’habitude, avec la complicité et silence de ses bons voisins de la région. Une région qui n’est plus la même.

Des tentatives de manipulation

Quand les manifestations ont commencé en Egypte, le 25 janvier, Le régime de Moubarak a sorti dans les rues du Caire, le double du nombre des manifestants, en policiers et forces de sécurité. Les jours suivants ont connu une croissance des manifestations et leur concentration dans la place Tahrir. A ce moment, l’administration américaine avait seulement suggéré à Hosni Moubarak de ne pas utiliser la force contre les manifestants civils. Celle la restera sa posture pendant plusieurs jours. Quand l’appel à la concentration millionnaire dans la place Tahrir a connu le succès pour la deuxième fois, Hillary Clinton a annoncé la vision de la maison blanche par rapport à la situation en Egypte. Les Etats Unis se sont finalement rendus compte qu’il y avait, selon Clinton, « besoin de grands changements à l’intérieur de la société égyptienne… » Washington exercera à partir de ce moment une grande pression sur Hosni Moubarak, en lui retirant son soutien. Quelques semaines après la démission de Moubarak, Hillary Clinton se rend en Egypte, ou elle espère rencontrer « les jeunes de la révolution ». Elle descend alors sur la place Tahrir… Pour la trouver déserte ! Un communiqué en nom de « la coalition des jeunes de la révolution » annonce le boycott à la visite de Clinton, expliquant qu’elle représente « un pays qui a soutenu le régime dictateur de Hosni Moubarak pendant plus de trente ans ». L’Egypte, étant le centre de gravité du monde arabe, au niveau culturel et au niveau politique, commence à entrainer des caractéristiques nouvelles, complètement différentes des celles de l’Egypte de Moubarak et Sadat.

En Libye, Les mobilisations ont été confrontées par une répression brutale de la part des milices du Coronel Mouammar Al Qadafi, qui insiste des le début, que son pays est confronté a une conspiration de la part d’Al Qaeda, qui a drogué les jeunes libyens pur les faire sortir dans les rues. La répression atteint un degré de brutalité, devant laquelle les masses des libyens ne trouvent d’autre choix que chercher à s’armer. Des milliers des libyens assaillent les quartiers de l’armée et prennent possession des armes. La révolte populaire devient alors une guerre civile.

Devant la propagation de la vague révolutionnaire au Yémen et en Syrie, et face au besoin de freiner les effets issus des bouleversements en Egypte, notamment vis-à-vis l’occident et Israël, les principales puissances occidentales se réunissent en avril, au nom de l’OTAN, pour intervenir militairement en Libye.

Au même temps, parmi les dirigeants libyens se sont trouvé ceux qui, à la fois ont pu voir le besoin de protéger leur positions et influences loin du régime, ainsi que la responsabilité imposée sur leur dos, par le manque des élites capables de prendre la charge du pays pendant et après la chute du régime, dans un pays où les réseaux tribaux sont pratiquement la seule forme d’organisation social, et où manque une société civile active.

Beaucoup des membres et chefs éminents du Conseil National de Transition, et qui vont, pendant les jours de la guerre, faire le tour du monde pour obtenir la reconnaissance du CNT comme seul représentant du peuple lybien, ont été pendant les années Qadafi des figures importantes du régime, proches du Coronel. Parmi eux ont peut citer Mustafa Abdel Jalil, ex ministre de justice dans le régime de Qadafi, devenu président du CNT, Mahmoud Jibril, ex président du conseil de planification nationale dans le régime de Qadafi, devenu porte parole officiel du CNT, Abdel Rahman Chalqam, ex ambassadeur de Libye de Qadafi aux Nations Unies, devenu représentant du CNT auprès de la communauté internationale et d’autres.

Ces dirigeants ont déserté le régime depuis les premiers jours de la révolution, et ont fait le tour du monde cherchant la reconnaissance du CNT comme le seul représentant légitime du peuple lybien. Ils ont formé le conseil militaire qui a dirigé les combats contre les milices de Qadafi et ont refusé l’intervention par terre des forces l’OTAN, limitant leur rôle au soutien aérien. Ils ont gagné la confiance du peuple et le droit à parler en son nom.

Ces dirigeants ont connu le changement du régime auquel ils ont appartenu pendant des décennies. Après avoir été un pays considéré comme socialiste, souteneur des mouvements de libération anti – colonialistes et tiers-mondistes, la Libye a ouvert ses portes devant l’investissement multinational et a lancé un procès lent de rétablissement de ses relations avec les puissances occidentales. Après l’invasion américaine de l’Iraq, Qadafi a fait un appel à la communauté internationale, l’encourageant à inspecter son pays et vérifier l’absence d’armes de destruction massive. A partir de ce point, Qadafi a commencé à être vu par Occident comme un leader qui « fait campagne pour la réintégration de son pays dans la communauté internationale » selon les paroles du premier ministre français François Fillon en 2007.

En arrivant l’année 2008 Les relations entre La Libye de Qadafi et les puissances occidentales avaient arrivé à un niveau sans précédent. La réception de Qadafi, et sa tente bédouine pour six jours à Paris en 2007, conclue avec la signature d’une série des traités entre la France et la Libye, engageant plus de 10 billions d’euros en matières d’infrastructure, énergie et transport aérien . En 2008 L’Italie signe un traité d’amitié avec la Libye, selon laquelle le gouvernement libyen s’engage à interdire et combattre le passage des immigrants libyens vers l’Italie. En échange, l’Italie s’engage à payer des indemnisations pour sa domination coloniale sanglante entre 1911 et 1943. Ces indemnisations prennent la forme des investissements en infrastructures et autoroutes, dont le principal profiteur est les entreprises italiennes exécutrices des projets . Le groupe de pétrole italien ENI a aussi une présence large dans le secteur pétrolier de Libye , mais aussi une longue liste des entreprises américaines, comme Marathon Oil, Occidental Petroleum, Conoco Phillips. Ainsi qu’une large série d’entreprises présentes dans les différents domaines de production et investissement en Libye, comme AECOM, Dow Chemical, Pan Am Flight, Caterpillar et beaucoup d’autres?

Dans un pays où l’élite profiteuse des richesses garantit son pouvoir, largement, à travers ses relations avec le système économique global et ses acteurs principaux, la maintenance de ces relations est une des motivations de cette élite, pour s’adapter facilement aux changements et passer d’un coté à l’autre. Ceux sont aussi ces mêmes relations et ses mêmes intérêts qui motivent les gouvernements des puissances internationales à s’adapter aux changements aussi.

C’est ainsi que l’alliance entre les forces de l’OTAN et le CNT se constitue. Les bombardements de l’OTAN fournissent les rebelles de couverture aérienne dans leur avancement, d’abord sur Misrata, où les plus durs combats ont lieu, et puis sur Tripoli, qui chute dans un seul jour. La poursuite des forces de Qadafi continue jusqu'à Sirt, où des féroces combats ont lieu pendant des jours, jusqu'à sa prise complète par les rebelles, et la capture du Colonel Qadafi vivant, puis son exécution, le 22 octobre 2011, marquant la véritable fin de la guerre.

Avant ce la, le 15 septembre, les leaders français et britannique, Nicolas Sarkozy et David Cameron rendent visite aux rebelles du CNT à Ben Ghazi, pour « féliciter le peuple libyen pour son acquis » selon les paroles de Cameron. Les deux représentants des pays qui ont eu la plus large participation dans la campagne de l’OTAN contre Qadafi, sont les premiers hommes politiques étrangers à visiter Libye depuis l’éruption du conflit. Plus tard, Mustafa Abdel Jalil, déclare que le CNT respectera tous les accords de la Libye avec les autres pays . Après le rencontre entre le CNT et les diplomates étrangers à Istanbul, Giuseppe Orsi, le responsable à l’entreprise italienne Finmeccanica déclare : « Nous n’avons pas de raison pour penser que les contrats seront modifiés » . Ainsi un accord secret aurait été conclu entre le CNT et la France, selon le journal Libération, qui garantit à la France 35% du pétrole brut libyen.

A long terme… Instabilité et opportunités ! :

Il est vrai que dans chaque révolution les joueurs sont multiples, et ils essayent tous d’être le gagnant à la fin des comptes, et de participer à la décision du résultant des changements radicaux, entrainés par le processus révolutionnaire d’un pays. Le destin n’est pas toujours nécessairement du coté de ceux qui édifie la révolution par leurs efforts et leurs sacrifices. On ne peut que rappeler la fameuse plainte de Danton « La révolution mange ses enfants ». Ainsi, Beaucoup peuvent considérer que les printemps arabes leur ouvrent des opportunités d’avantage, pour fortifier les fondements de leurs intérêts dans cette région du monde. Mais qui peut dire qu’à l’aube de la première république française, quiconque aurait garantit son pouvoir, ses intérêts où sa place dans le système ? Qui aurait garantit la continuité de n’importe quel système ? Qui peut la garantir aujourd’hui au monde arabe ? La révolution qui éclata en Tunisie à partir du corps en flammes de Mohamed Bouazizi a ouvert une porte qui était fermé depuis les Indépendances des pays arabes. La porte à la participation active des peuples, autant que groupes et autant qu’individus, dans la décision du destin de leur pays. La porte des ingrédients politiques et sociaux, si l’on prend le modèle de David Easton, qui a été pour si longtemps tenue en mains des autocrates et leurs clans. Cette porte, si elle est ouverte de forme radicale, éclaire, définitive, sans mesures ni tenue en compte des corrélations de force… De forme révolutionnaire, elle ne promet aucune stabilité.

Les citoyens et secteurs qui ont été pour si longtemps mis à la marge, ignorés… Ils commencent à se manifester de façon jamais avant vue ni jamais avant si violente… Les revendications des Coptes en Egypte ne font qu’un exemple. Dans un pays, où tout le monde voit dans la chute du régime une opportunité, pour ne jamais plus être des petits enfants sous la tutelle du clément père de la nation, et ses réseaux des pères et patriarches, les coptes eux aussi veulent leur opportunité pour ne plus jamais être une minorité sous la tutelle de la communauté musulmane. La où tout le monde commence à sentir que le pays où ils habitent peut vraiment être LEUR pays, tant des secteurs voient aussi l’opportunité pour ne plus jamais être des étrangers chez eux. Ce la aussi a été vu dans l’adhésion des tribus de Libye, une après l’autre, même les plus loyales, à la révolution contre Qadafi. Cette violence contre ce qu’ils ont reconnu comme une barrière entre eux et leur place dans la société, s’est exprimé dans la férocité des combats livrés contre les mercenaires du Colonel, et rien ne peut garantir qu’elle ne se reflétera vers l’intérieur.

Certes, beaucoup des facteurs essentiels des anciens régimes de Tunisie, Egypte, Libye et bientôt Syrie et Yémen n’ont pas changé, surtout au niveau extérieur. Certes beaucoup des anciens profiteurs du statu quo deviennent aujourd’hui des nouveaux profiteurs du changement. Mais le point le plus certain de tous, est que le pilier principal de la continuité de ses facteurs malgré la volonté des peuples, est finalement tombé. La figure du grand chef, qui pense au lieu de tous et qui décide au nom de tous. Le Guide Suprême, la tête de la pyramide et le visage qui exprimait tout, et voulait tout dire, jusqu’au point d’éliminer l’expression du reste… Ce personnage charismatique et quand nécessaire terrifiant a été absent du parcours des révolutions. Il est parti pour ne plus jamais retourner, et avec lui sont partis les programmes uniques, les idéologies uniques, les identités uniques, les discours uniques et les pensés uniques.

La porte a été ouverte devant la pluralité, qui comprend aussi les intérêts contradictoires à ceux qui sont minutieusement protégés, par les profiteurs de la révolution. Devant les différentes voix qui ont été étouffées, y compris les voix de ceux qui n’ont jamais arrêté de regarder vers la Palestine, les voix de ceux qui n’ont jamais cessé d’identifier la source de leur malheur dans un système global, dont le cœur se trouve au nord de chez eux, où les voix de ceux qui n’ont jamais vu disparaitre leur méfiance des figures et secteurs, anciens symboles et nouveaux ennemis du pouvoir chutant. Eux tous seront des protagonistes de cette nouvelle ère. Eux tous auront un rôle à jouer dans les années, voir décennies à venir, peu importe qui s’installera au pouvoir dans le moment immédiat suite à la chute des anciens souverains.

Les printemps arabes n’ont pas seulement fermé une ère, mais ils ont aussi ouverte une ère nouvelle, que personne ne pourra refermer dans un avenir, ni proche ni lointain. Une nouvelle ère qui semble vouloir demeurer plus longtemps que l’on imagine. Une ère d’instabilité et de changements, mais aussi des opportunités historiques, qu’aucun de ceux qui sortent désormais de la marge où ils ont été si longtemps oubliés, n’est prêt à laisser partir. La révolution de peuples arabes, n’a fait que commencer.

Kassam Mwadi