Les dangers d’une situation de développement économique conçu en termes libéraux ont déjà été dénoncés avec lucidité et de façon prophétique par Paul VI – en raison de leurs conséquences néfastes sur les équilibres mondiaux et sur la paix – dès 1967, après le Concile Vatican II, dans son encyclique Populorum progressio.(...)

Mais qu’est-ce qui a donc poussé le monde dans cette direction aussi problématique, pour la paix également? Avant tout un libéralisme économique sans règles ni contrôles. Il s’agit d’une idéologie, d’une forme d’«apriorisme économique » qui prétend tirer de la théorie les lois de fonctionnement du marché et celles dites lois du développement capitaliste, en en exaspérant certains aspects. Une idéologie économique qui fixe à priori les lois du fonctionnement du marché et du développement économique sans se confronter à la réalité risque de devenir un instrument subordonné aux intérêts des pays qui jouissent concrètement d’une position avantageuse au plan économique et financier. (...)

A la base des inégalités et des distorsions du développement capitaliste, on trouve en grande partie, en plus de l’idéologie du libéralisme économique, l’idéologie utilitariste, c’est-à-dire l’organisation théorique et pratique selon laquelle: «ce qui est utile au plan personnel conduit au bien de la communauté». Il est à noter qu’une telle «maxime» renferme un fond de vérité, mais on ne peut ignorer que l’utilité individuelle – même si elle est légitime – ne favorise pas toujours le bien commun. Plus d’une fois, un esprit de solidarité est nécessaire, qui transcende l’utilité personnelle pour le bien de la communauté.

Conseil Pontifical Justice et Paix