A l'heure actuelle je ne connais pas de système ou de parti auquel on puisse confier une idée vraie avec le moindre espoir de la retrouver intacte, le lendemain, ou simplement reconnaissable. Je dispose d'un petit nombre d'idées vraies, elles me sont chères, je ne les enverrai pas à l'assistance publique, pour ne pas dire à la maison publique, car la prostitution des idées est devenue dans le monde entier une institution d'Etat. Toutes les idées qu'on laisse aller toutes seules, avec leur natte sur le dos et un petit panier à la main comme le chaperon rouge, sont violées au premier coin de rue par n'importe quel slogan en uniforme.

Georges Bernanos, la Liberté pour quoi faire?, 1946.