Des citoyens de notre pays - sont ils nombreux à avoir ce sen timent ? sans doute - vivent enfermés : ils ont parfois l'air de voyageurs, mais sont en réalité isolés, sé parés, maintenus pour ainsi dire dans une détention en plein air, et cela d'autant plus qu'ils respectent fidèlement les obligations de leurs rôles professionnels (quand ils en ont...), des rôles qu'ils n'ont pas définis eux même. C'est un curieux mélange de liberté et d'incarcération : et ce mélange devient de plus en plus étouffant. Car cette liberté, elle aussi octroyée plus que déterminée par eux-même, ils n'en jouissent qu'à la condition de demeurer séparer des décisions qui les maintiennent en cet état : sé parés du pouvoir politique, sé parés du pouvoir économique, cependant qu'ils y contribuent en des guises dont ils ne sont jamais les maîtres.

Christophe Carraud, Une gêne, Conférence numéro 32, printemps 2011.



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