L'homme perd la capacité plastique, le pouvoir de former; il n'est plus capable que d'enregistrer; il ne sait plus voir ni entendre, il n'est plus capable que d'apprendre. Et en même temps disparait tout ce qui repose sur ce pouvoir: la plasticité de la langue, l'attitude physique expressive; le vétement et la demeure saturé de forme; les manières extérieures, le jeu, la danse. L'Art, comme interprétation et transfiguration de la vie, comme école de la vision et de la sagesse, disparait. D'un mot disparait tout ce qui est forme et culture vivante, l'information du corps par l'esprit, la révélation de l'esprit dans le corps. L'humanité formée, la culture humaine disparait. Toute culture s'éfface et à sa place apparaît la civilisation mécanistique c'est à dire la barbarie.



Romano Guardini. Liturgische Bildung cité par Robert d'Harcourt, introduction à l'esprit de la liturgie, le roseau D'or, Plon, 1929.