Le mystère du Christ est aussi le notre. Ce qui s’est accompli dans la Tête doit s’accomplir aussi dans les membres. Incarnation, mort et résurrection : c’est enracinement, détachement et transfiguration. Pas de spiritualité chrétienne qui ne comporte ce rythme à trois temps. Nous avons à faire pénétrer le christianisme au plus profond des réalités humaines, mais ce n’est pas pour l’y laisser perdre ou dénaturer. Ce n’est pas pour le vider de sa substance spirituelle. C’est pour qu’il agisse dans l’âme et dans la société comme une ferment soulevant toute la pâte, c’est pour qu’il surnaturalise tout. C’est pour qu’au cœur de tout il mette un principe nouveau, pour qu’il fasse partout entendre l’exigence et l’urgence de l’appel d’en haut.

Henri de Lubac. Paradoxes, Dieu Vivant n°2, 2e trimestre 1945.