La ville qui fut toujours le milieu humain par excellence, la Jérusalem où l’espèce humaine tentait de réaliser le microcosme qui eût reflété les exigences de son esprit, pourrait bien devenir le lieu de l’inhumanité par excellence ; mais ce serait une inhumanité sociale, car les vagues de ce Maelstrom sont faites des hommes et de leurs produits. L’univers urbain devient un univers concentrationnaire que la densité des foules et surtout des machines rend de plus en plus invivable. Certes l’homme est adaptable, pour échapper au bruit il peut devenir sourd, aveugle pour se défendre des éclairs de la réclame, et insensible a l’homme pour échapper a la promiscuité humaine. Mais si la marée urbaine devait monter encore, alors il n’aurait plus le choix qu’entre périr physiquement ou spirituellement, en cessant d’être un homme : en renonçant à sa sensibilité et plus encore à sa conscience.

Bernard Charbonneau