L’Eglise n’est pas une réalité existant parallèlement à d’autres ; elle n’est pas un élément dans le tout historique et universel ; elle n’est pas une réalité objective séparé. L’Eglise est tout, elle constitue toute la plénitude de l’être, de la vie, du monde et de l’humanité, mais dans un état de christianisation. Elle possède une nature cosmique et l’oubli de cette nature est l’indice d’une décadence de sa conscience. Une conception de l’Eglise qui l’envisagerait comme un institut médical où les âmes viendraient subir un traitement, serait une conception lamentable. Ceux qui ne voient dans l’Eglise qu’une institution renient sa nature cosmique. Dans l’Eglise l’herbe croit et les fleurs s’épanouissent. L’Eglise est le cosmos christianisé. Le Christ pénétra dans le cosmos, il y fut crucifié et y ressuscita et tout se modifia et se renouvela. Tout le cosmos suit son chemin de crucifixion et de résurrection.

Nicolas Berdiaev. Esprit et Liberté, 1927.