Poésie Pauvre
Florentin Benoit d’Entrevaux est jeune ermite en son Ardèche ancestrale. Depuis douze ans, il publie avec ses amis Gaël de Bouteiller et Gaëtan de Magneval la précieuse revue catholique Poésie Directe – précieuse parce que nécessaire en son essentielle simplicité. Dix-huit numéros et trois recueils à ce jour qui ont accueilli le meilleur de la jeune poésie chrétienne de langue française. Sur des thèmes comme le silence, la faiblesse, la joie, les larmes, la confiance, ces chants libres traduisent une mystique toute franciscaine, empreinte de douceur et d’émerveillement.
Dépouillée de tout,
la confiance est libre.
Pauvre,
la confiance règne.
Une approche qui rappelle, outre le pauvre d’Assise, une autre hirondelle du chemin, saint Benoît Labre :
Prends pour la route
des sandales, un bâton
sur ta joue droite
des larmes douces
de louange
et de sang
Cette année, un double présent : un splendide numéro sur le Nom ; et la parution du second recueil de notre ascète poète : Vers l’Autre. Une centaine de poèmes-prières, simples comme des fleurs des champs, denses comme des icônes, chantent la joie simple de la communion.
Poésie Directe n. 18, « le Nom », 2011
Florentin Benoit d’Entrevaux, Vers l’Autre. Poèmes 2005-2010, Éditions de l’Inferieur, 2011, 99 p., 15 euros
Diffusion directe : Poésie Directe – Éditions de l’Inferieur – « Le petit couvent » 07400 Saint-Martin-sur-Lavezon
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Joie du désert
au long du carême
L’étoile de la providence
me mène sur la montagne
vers la joie nue
Et dans mon sac a dos
le vivant, le Très-Haut
le Pain du salut
Joie du désert
sur le Bergwise
Je suis comme nu
en ta présence
dans le feu de ta parole
nu
comme la petite flamme
de la bougie
Dans mon carême
j’ai mon Carmel
un mont Thabor
un Bethléem
et dans mon sac
ton Corps
Comment te rendrai-je
ce bien inouï ?
Je donnerai mon baiser
au trône de ta Beauté
Je donnerai à mon désert
à mon poème et à ma vie
le nom d’une sainte montagne
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(Florentin Benoit d’Entrevaux, « Mon Carmel », Vers l’Autre, 2011)
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Nos noms sont des arbres modelés
dans le vent
et nous vivons
comme il nous sied de vivre
Nous défendrons les oiseaux
qui nous habillent
Et la cloche de la nuit
Nous défendrons une lune que nous désirons
au-dessus de notre cabane
Nous défendrons le miel de l’aube
et les lucioles du soir
Car l’horizon est l’horizon
Et le ciel est le ciel
Et nos noms sont sur la route
et point dans les villes
Et nous vivons
comme il nous sied de vivre
Et il y a trop de ciel
pour ne point l’envier
et nos noms se perdent
entre les pierres du chemin
et les nuages de midi
sous les lacs verts
et les fruits des arbres.
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(Anne-Gersende Warluzel, « Nos noms », Poésie Directe n. 18, 2011)