Les mondains, toujours dissipés, ne connaissent pas l’efficace de cette action paisible et intérieure qui occupe l’âme en elle-même ; ils ne croient pas s’exercer s’ils ne s’agitent, ni se mouvoir s’ils ne font du bruit : de sorte qu’ils mettent la vie dans cette action empressée et tumultueuse ; ils s’abîment dans un commerce éternel d’intrigues et de visites, qui ne leur laisse pas un moment à eux, et ce mouvement perpétuel les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante (…) encore que les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraint de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant de ça et delà leurs désirs vagues et incertains.

Bossuet. Sermon du mauvais riche. Carême du Louvre, 5 mars 1662.