On prétend que les hommes ne sont pas plus faux qu’ils ne l’étaient jadis ; cependant on pouvait, il y a un demi siècle, se procurer à peu de frais des étoffes de bon teint et des comestibles naturelles : aujourd’hui l’altération et la fourberie dominent partout. Le cultivateur est devenu aussi fraudeur que l’était jadis le marchand. Laitages, huiles, vins, eaux de vie, sucre, cafés, farines, tout est falsifié impudemment. La multitude des pauvres ne peut plus se procurer de comestibles naturels, car on ne lui vend que des poisons lents, tant l’esprit du commerce a fait de progrès jusque dans les moindres villages.

Charles Fourrier. Cercle vicieux de l’industrie civilisé. Le nouveau monde industriel et sociétaire. 1829.