La crise n’est plus seulement dans l’homme, mais elle concerne entièrement la définition de l’homme. Ce n’est pas une bataille qui se déroule, c’est une guerre. Et une guerre à mort. Ou plus précisément une guerre contre la vraie vie. Les hommes-machines sont prêts, ils se sont mis en marche et ils n’auront de cesse ou qu’ils aient été détruits ou qu’ils aient changé entièrement le monde à leur image et ressemblance. Le pire étant qu’ils ne sont eux-mêmes déjà que des images. Et des images d’homme. Il existe deux critiques de l’homme-machine, une de droite et une de gauche. Mais il n’y a pas de raison que nous ayons à choisir. Il nous faut au contraire prendre acte des deux, et les lier dans une unique vérité, qui fera tomber le masque du mensonge. La critique de droite, fondée sur l’enseignement actuel de l’Eglise catholique, décrit l’anéantissement de la filiation naturelle, les assauts contraceptifs de la chimie contre les corps féminins, l’apologie cachée de l’eugénisme abortif, la publicité pour l’euthanasie, la réduction des relations humaines à un vaste égoïsme baptisé désir, enfin tout ce qui touche au corps dans son expression communautaire. La critique de gauche, inspirée d’un christianisme plus lointain qu’elle peine à reconnaître, met en évidence la vassalisation biométrique du corps, les attaques qu’il subit par la destruction de son environnement, sa conformation au modèle économique du moment, enfin tout ce qui touche au corps dans sa dimension métaphysique. Il n’y a pas de raison que nous ayons à choisir entre ces deux critiques. Au contraire, nous pensons que c’est seulement en les assumant toutes deux qu’on se donne la possibilité de corriger leur partialité. Nous pensons que face aux hommes-machines, la réponse tient en deux mots : « écologie humaine ». Deux mots simples qui nous ouvrent pourtant les portes d’une réflexion éthique générale qui saura ne rien oublier, ni des moyens, ni des fins pour résister à la colossale entreprise à moitié inconsciente qui menace à la fois la vie de l’humanité et la perpétuation de la création. Nous ne disons pas que c’était mieux avant, nous voulons seulement que ce soit mieux demain. Et pour ça nous choisissons de travailler aujourd’hui, car nos vies particulières ne sont qu’un instant, une heure passagère et que cette verte jeunesse ne durera pas toujours. Nous réfléchissons à partir et pour le réel, qui est un monde post-chrétien, c’est-à-dire un monde qui s’est développé à partir des concepts universels du christianisme dont, oubliant les racines, il a gauchi les fins. Nous ne croyons pas qu’il ne se soit rien passé de bon dans les sociétés pré-chrétiennes, nous croyons simplement que leur type de fonctionnement n’est plus opératif parce qu’a été dévoilé par le christianisme leurs ressorts secrets qui ne valaient qu’en tant qu’ils demeuraient secrets. Il n’y a plus de place pour le sacré secret. Il y a de la place pour le sacré révélé. Qui est le seul antidote aux hommes-machines. C’est ce que nous allons tenter de montrer.