Pas d’amalgame. C’est gentil de le préciser, au cas où on l’aurait oublié. Il y a bien longtemps que plus personne ne pratique d’amalgame en France, fors quelques dentistes – et encore il y a débat. Mais il reste peut-être quelques personnes qui se laissent amalgamer : quelle en est leur responsabilité, je l’ignore, et justement j’aimerais bien le savoir. En effet, nul d’entre nous, même si nous sommes méchants comme l’a aimablement rappelé un journaliste de gauche que pour moi je ne dénoncerai pas, n’a aucune envie d’accuser son voisin de quoi que ce soit, fût-il de l’espèce djellaba-baskets. Il serait pourtant non seulement utile, mais simplement décent, que les musulmans, de France comme du monde en général, prennent enfin leurs responsabilités et discriminent eux-mêmes entre ce qui relève de leur religion et ce qui la contredit. Je ne suis pas théologien musulman, contrairement aux innombrables chroniqueurs, journalistes, intellectuels, artistes et autres bonnes consciences que l’on voit par tous les médias et qui savent, eux, de source sûre quelle est la doctrine des féaux de Mahomet relativement à la guerre, dite sainte, je ne sais donc pas, moi, si un musulman a le droit de prendre les armes pour défendre sa foi, ou simplement l’honneur de son prophète. Je sais bien que les grands imams, nobles personnages selon toute apparence, qui s’expriment publiquement dans notre pays, condamnent tous le recours à la violence dans ces cas-là. Je ne doute pas un instant de leur bonne foi, si j’ose dire. Seulement, je ne peux, comme beaucoup de monde, laisser de m’interroger sur l’influence véritable qu’ils exercent sur leur base, laquelle paraît relativement excitée, surtout si elle est adolescente ou jeune, par les nouveaux héros dits d’Allah qu’elle se découvre. Alors, cette base, je me demande d’où lui vient cet enthousiasme ; et encore, par exemple, les juges qui ont condamné Asia Bibi à mort au Pakistan pour ce qu’elle aurait insulté leur prophète après avoir apporté de l’eau, forcément haram puisque touchée de sa main de chrétienne, à de bonnes musulmanes, à quelle loi se réfèrent-ils ? Ce qui est certain, c’est que l’islam est une religion agrégative, excellemment communautaire, dans quoi l’on entre facilement, en récitant une rapide profession de foi, mais dont l’on sort difficilement, voire jamais. Une grande anarchie que règlemente seule une juridiction complexe, aisément contradictoire selon les temps et les époques, les actes et les paroles du prophète Mahomet, le « beau modèle » étant eux-mêmes opposés et difficilement interprétables. L’islam ne possède pas d’anthropologie discernable, relevant selon la nomenclature de Thomas d’Aquin de la loi ancienne, celle qui retient la main, cohibet manum, et non de la loi nouvelle, celle qui retient l’esprit, cohibet animum : en quoi il est impossible pour l’observateur extérieur, comme pour le croyant certainement, de savoir si le vrai et « bon musulman » est plutôt Salman Rushdie ou Ben Laden. C’est malheureusement devenu notre souci, quoique cette foi ne nous intéresse pas, que les musulmans décident enfin, dans une assemblée plénière ou quelque chose d’approchant, si un homme qui prend les armes au nom d’Allah accomplit son devoir de croyant ou au contraire sort de l’islam. Pour en finir avec les amalgames.