Dans son dernier film, « Adieu au langage », le réalisateur de Pierrot le Fou rend un hommage inattendu à Jaques Ellul :

« Pour aller vite, disons qu’Adieu au langage est une sorte de point d’aboutissement de la réflexion philosophique de Godard. D’emblée, il convoque un certain nombre de grands auteurs, parmi lesquels Soljenitsyne, Dostoïevski, Levinas, Ezra Pound. Plus inattendu, il rend un vibrant hommage à Jacques Ellul. Citant le titre du livre que Jean-Luc Porquet a consacré à cet intellectuel hors norme, Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu. Nucléaire, nanotechnologies, OGM, propagande, terrorisme (Le Cherche-Midi, 2003), Godard embraye sur l’un de ses sujets favoris : « Quelle différence y a-t-il entre une idée et une métaphore ? » Et il ajoute : « Que se passe-t-il ? De quoi sommes-nous les témoins mi-fascinés, mi-dévastés ? Continuation vaille que vaille d’un monde fatigué ? Crise bénéfique du même monde, en proie à son victorieux élargissement ? Fin de ce monde ? Avènement d’un autre monde ? Que nous arrive-t-il donc, à l’orée du siècle, qui ne semble avoir aucun nom clair dans aucune langue tolérée. »



Frank Nouchi, Le Monde