Montmartre existe encore parce qu'il est pour la plupart de nos contemporains une jeunesse. Marie Laurencin, Derain, Mac Orlan, Salmon et tant d'autres qui contractèrent "là-haut" leurs plus fortes amitiés, le savent bien. Mais les années passeront. Les cafés, un à un, devront céder la place à des succursales de banques, à des garages. Les rapins, car il s'en trouve encore qui n'ont pas eu vent des changements, seront chassés comme des juifs. Des modèles feront du cinéma. Les poètes achèteront du linge à crédit et travailleront pour des agences de publicité. Il n'y aura plus rien. La jeunesse des hommes, et particulièrement des Français, passera autrement. Les noctambules seront peut-être fascistes...

Léon-Paul Fargue, Le piéton de Paris, 1939.