En 1832, la Commission de l’Intendance sanitaire affirme dans son rapport concernant les ouvriers à Lille : " Il est impossible de se figurer l’aspect des habitations de nos pauvres si on ne les a visitées. L’incurie dans laquelle ils vivent attire sur eux des maux qui rendent leur misère affreuse, intolérable, meurtrière… Dans leurs caves obscures, dans leurs chambres que l’on prendrait pour des caves, l’air n’est jamais renouvelé, il est infect, les murs sont plâtrés de milles ordures. S’il existe un lit, ce sont quelques planches sales, grasses, c’est de la paille humide et putrescente, c’est un drap grossier dont la couleur et le tissu se cachent sous une couche de crasse… Les meubles sont disloqués, vermoulus, tout couverts de saletés… Le sol de l’habitation est encore plus sale que tout le reste : partout sont des tas d’ordure, de cendres, de débris de légumes ramassés dans les rues, de paille pourrie, des nids pour des oiseaux de toute sorte. Aussi l’air n’est-il plus respirable… Quant à leurs enfants, ils sont décolorés, maigres, chétifs, vieux, oui vieux et ridés ; leur ventre est gros et leurs membres émaciés ; leur colonne vertébrale est courbée ou leurs jambes torses ; leur cou est couturé ou garni de glandes ; leurs doigts sont ulcérés et leurs os gonflés et ramollis ; enfin, ces petits malheureux sont tourmentés, dévorés par les insectes ".(…) Sur les 396.000 ouvriers du département du Nord, 165.453 figuraient sur les listes des bureaux de bienfaisance.

Alba de VILLENEUVE-BARGEMONT, Économie politique chrétienne, Méline, Bruxelles 1937, Tome II, p. 86.