N’est-ce pas là précisément ce que les régimes dits totalitaires s’appliquent tous à instaurer. Une manière de chrétienté nouvelle, mais il y a le Christ dans la chrétienté. Une manière d’assentiment commun, mais non pas à une révélation et seulement à des principes. L’adhésion de la totalité des composants de la nation à une idéologie sociale et politique ou les deux choses à la fois. L’acceptation non pas d’un absolu, non pas d’une transcendance, mais de certaines vérités relatives, dont précisément le totalitarisme tâche de faire une manière d’absolu et où réincorporer en quelque sorte par là le sacré dont elles sont par ailleurs singulièrement privées (une manière, par exemple, de messianisme), et dont peut-être que l’homme sans le savoir, ne peut pas se passer.

C.F. RAMUZ. « Pages d’un neutre. » N.R.F. Avril 1940. p. 497.