L’anarchisme chrétien ne cherche pas à imposer ses idées à autrui par les armes ou le vote. Le nouveau système de Société qu’il préconise adviendra lentement et graduellement à mesure que le peuple se rendra compte que la voie de l’État et de la politique est erronée et n’aboutit à rien. Espérer un monde paisible, simplement en jetant par-dessus bord la politique, sans se soucier de développer en premier lieu la confiance en soi, la coopération, les communautés agricoles fédérées, c’est appeler le chaos… L’anarchiste chrétien ne perd pas son temps à démontrer comment peut fonctionner une société politique avec un minimum de violence. L’État signifie toujours violence des tribunaux, des prisons, des armées, de la police. Dissimuler leur brutalité est éloigner l’avènement de l’époque où cette brutalité sera remplacée par une société non-violente.. Anarchisme chrétien équivaut à perfectionnisme optimiste et c’est le mode de vie le plus réaliste et le plus pratique qui soit… Ses principes peuvent se résumer en quatre mots : amour, liberté, responsabilité, décentralisation… La foi de l’anarchiste chrétien en une « terre nouvelle » n’est basée ni sur les prédictions de l’écriture, ni sur les promesses de politiciens profiteurs de guerre, mais sur ces vérités éternelles reconnues par chacun aux heures tranquilles : que l’amour désarme et dompte le mal, que le courage et la responsabilité personnelles l’emportent sur l’indolente sécurité de l’esclavage, qu’une vie simple dans le foyer familial en morale et en valeur éducationnelle les directives des assemblées, la vie de caserne des villes et la méthode mécanisée de l’université.

Ammon Hennacy, Toward a morally stronger Society