Dans les déserts Égypte ou de Palestine comme dans les forêts d’Italie ou de Gaule, des anachorètes ont pour compagnon un lion ou un ours qu’ils appellent parfois leur frère. Gérasime restera célèbre avec son lion qui meurt sur sa tombe au bord du Jourdain, tout comme Macaire qui guérit au bord du Nil l’enfant aveugle d’une hyène. Dans les Appenins, l’ermite Florent a, pour garder ses brebis, un ours qu’il appelle lui aussi son frère.

Les moines irlandais se répandent depuis les Îles britanniques sur le continent avec une ferveur austère et joyeuse, Colomban joue souvent avec des écureuils qui glissent sur son cou ou dans ses bras. Moling a l’amitié d’une mouche qui l’aide à suivre les lignes d’un manuscrit, ainsi que celle d’un roitelet et d’un chat qu’il invite à manger ensemble. Cioran gouverne une communauté originale faite d’un sanglier, d’un renard, d’un blaireau, d’un loup et d’une biche qu’il sermonne comme des moines.

En Mésopotamie, chez les chrétiens syriaques, Isaac de Ninive a un cœur qui brûle pour toute la création, les hommes, les animaux, les bêtes. Il prie en larmes à leur intention, même pour les serpents. Son disciple, Jean de Dalyatha, étend ce sentiment de fraternité aux pierres et aux arbres. Simon de Taiboutheh rappelle à l’homme que toutes les créatures participent à sa prière et que, s’il cesse d’adorer, toutes s’affligent et lui deviennent contraires.




Jean Bastaire, Colloque Ecologie et Création, Angers, 17 mai 2008, Parole et Silence 2008