« Il ne s'agit plus pour nous de la pensée de M. Ch. Maurras, telle qu'elle enrichit les dictionnaires. Il s'agit des consciences qu'il a formées. Le malheur de M. Ch. Maurras est de ne pas aimer réellement sa pensée, - à laquelle il s'est lié par des chaînes de fer, - sa force est de haïr la pensée d'autrui, d'une haine vigilante et sagace dont peu d'êtres, évidemment, sont capables. C'est par là qu'il féconde des milliers d'imbéciles qui ne l'ont pas lu, ou l'ont lu sans le comprendre. Ainsi a été rendue possible la création à des milliers d'exemplaires d'une race de bourgeois nationaux mille fois plus impitoyables et non moins vaniteux que leurs ancêtres libéraux, conservateurs féroces qui baptisent réalisme l'égoïsme de leurs pères, prétendent confisquer la Monarchie et l'Eglise... On rencontre d'honnêtes gens, on rencontre même des apôtres dans les partis prétendus nationaux. Il n'en est pas moins vrai qu'ils se recrutent, pour leur immense majorité, dans les rangs de ceux qui, comme dit encore Ch. Péguy, se refusent obstinément, se refuseront toujours à faire les frais : à faire les frais d'une restauration économique, d'une restauration sociale, 'd'une révolution temporelle pour le salut éternel'. »

Georges Bernanos dans Scandale de la vérité, 1939

Bémol :

"Car c'est un autre caractère distinctif du Nationalisme français ; il est fort éloigné de présenter la nécessité pratique et moderne du cadre national rigide comme un progrès dans l'histoire du monde ou comme un postulat philosophique et juridique absolu. Il voit au contraire dans la nation une très fâcheuse dégradation de l'unité médiévale. Il ne cesse pas d'exprimer un regret profond de l'unité humaine représentée par la République chrétienne."

Charles Maurras