On a connu Denis Tillinac disciple des « hussards », depuis il a plutôt tourné zouave pontifical – pour notre plus grande joie : de l’anar de droite à l’anar de droit divin, il n’y a certes qu’un pas, mais il faut le franchir. Tillinac nous avait gratifiés il y a quelques années de sa profession de foi, Le Dieu de nos pères (Bayard, 2004), il revient ici avec une confession générale – et amoureuse qui plus est – qui est une véritable déclaration d’amour à l’Église, à la Vierge Marie et à toute la catholicité. Car l’Église, Tillinac l’aime catholique, apostolique et romaine, et il chantonne tout au long du recueil « c’est le pape que je préfère ! » Car s’il se définit comme catho de base, humble troupier, voire catho du genre anachronique, c’est en catho décomplexé qu’il partage ici son amour de Dieu, du Christ et de ses saints : « Ordre et dissidences, azurs limpides et tonnerre de Dieu, sourires d’anges et coups de blues, candeurs et sophistications, il y a tout dans la catholicité, c’est un arbre à mille branches et autant de racines, un fleuve aux mille sources dont les affluents méandreux au possible cheminent vers l’unité océane. » Bon remède au complexe antiromain qui taraude notre temps, notre defensor Ecclesiae improvisé livre une défense passionnée de nos vieilles chrétientés, pleine de grande et profonde nostalgie, mais aussi de lucidité et d’espérance. On y trouvera toute notre belle civilisation chrétienne, française, européenne, évoquée sur un rythme personnel qui s’accorde si bien avec l’universel, et la longue querelle – et l’antique alliance – de l’ordre et de l’aventure : « L’histoire de l’Église, ce sont vingt siècles d’aventures en tous genres, avec des prouesses de cape et d’épée, du merveilleux, de l’héroïque, du pathétique, du sublime à foison, des tragédies innombrables. » Patriote tout de go, Tillinac avait déjà sorti un Dictionnaire amoureux de la France, reprenant sur un ton libertaire le vieux cantique « Catholique et Français toujours ! » Avec lui nous pouvons crier à pleins poumons l’antique cri de guerre et de joie des hommes libres en invoquant son saint patron : « Montjoie Saint-Denis ! »

Denis Tillinac, Dictionnaire amoureux du catholicisme, Plon, 2011