« Les grands poèmes du ciel et de l’enfer ont été écrits. Reste à composer le poème de la terre. Ce serait là la plus grande chose à laquelle l’esprit pourrait aspirer. »

Wallace Stevens, Opus Posthumous

« Comprendre que tout a lieu en un seul corps

revient à renverser les vieilles catégories politiques

à passer de la politique à la métapolitique

ou à la poésie »

Norman Brown, Life against Death, 1959 ; voir aussi « From Politics to Metapolitics », 1947

« Si une fleur avait un Dieu, ce ne serait pas une fleur transcendantale mais un champs – qui plus est un champ tel qu’on le définit en physique, un système d’énergie intégré, un champ dont l’activité, outre celle de la fleur, comprendrait celle de la terre, de la pluie, du soleil, des oiseaux, des vers, des abeilles. Une fleur douée de sensibilité serait capable, à travers ses racines et ses membranes, de sonder l’entièreté de ce système pour découvrir que son existence est une exaltation particulière du champ complet. »

Alan Watts, In My Own Way

« cette vaste et ancienne religion, plus magnifique que tout ce que nous connaissons : plus crûment et ouvertement religieuse car tout l’effort vital de l’homme consistait à mettre sa vie en contact avec la vie élémentaire du cosmos, la vie des montagnes, la vie des nuages, la vie du tonnerre, la vie de l’air, la vie de la terre, la vie du soleil. A entrer dans un contact immédiat avec le sensible, et en extraire une énergie, une puissance et une félicité sombres. Cet effort en vue d’un contact nu et simple, sans intermédiaire ni médiateur, est le sens primordial de la religion. »

D. H. Lawrence, The Spirit of Place, 1936

« Ce n’’est pas de ceux dont la culture a été vidée de son contenu par des systèmes éducatifs que viendra le géant capable de détruire l’ancien et de bâtir le nouveau, mais de la nature sauvage intacte. »

Emerson, « The American Scholar »

comment échapper

à cette époque

moderne

et réapprendre

à respirer

William Carlos Williams, « Un exercice »

« Livrons-nous à une perception immédiate du réel empirique autour de nous. Cet éclat de soleil, ce brin d’herbe, font surgir aussitôt une présence imposante de l’être ontologique, présence obscure et indivise où tout est enveloppé et rien n’est exclu, présence souveraine et plénière , présence qui fait la joie débordante du sage profondément réintégré dans sa source ontologique. »

Liou-Kia-hway, L’Esprit synthétique de la Chine, PUF, 1961

Ici un homme doit se défaire du fardeau qui émousse

Son contact avec les choses élementaires, les subtilités

Qui semblent inséparables d’une existence humaine, pour aller

Vers un monde simple, plus rude, plus beau et plus imposant,

Délivrant une ivresse austère

Hugh MacDiarmid, « On a Raised Beach »

« La grande morale inexplorée de la vie elle-même, ce que nous appelons l’immoralité de la nature, nous entoure de son éternel mystère, et c’est au milieu d’elle que se joue le petit jeu de la morale humaine, avec ses bizarres critères de moralité et ses mouvements mécaniques. C’est un jeu sérieux, solennel, jusqu’à ce que l’un des protagonistes, lassé de son rôle, prenne le risque de jeter un regard hors du cercle enchanté, du côté des vastes espaces sauvages qui l’environnent. »

D. H. Lawrence, Phoenix, 1936

Sentir et dire la stupéfiante beauté des choses – la terre, la pierre et l’eau,

Les bêtes, l’homme et la femme, le soleil, la lune et les étoiles –

La beauté de notre nature humaine injectée de sang, ses pensées, ses transports

et ses passions

Et la nature humaine dans sa beauté imposante –

Car l’homme n’est qu’un rêve, l’homme, pourrait-on dire, est la nature

plongée dans un rêve, mais le roc,

Et les eaux et le ciel sont constants – sentir pleinement

Comprendre pleinement, et exprimer pleinement la beauté

Naturelle est l’unique tâche de la poésie

Robinson Jeffers, « The Beauty of Things »

« Tout cela est relatif à l’arche Terre-sol, à la sphère-Terre, à nous, hommes terrestres. »

Edmund Husserl, Derniers Manuscrits

« Ce que tu cherches, c’est un monde. »

Hölderlin, Hyperion

« C’est de façon poétique que l’homme vit vraiment sur cette Terre. »

Friedrich Hölderlin, Derniers poèmes

« Lorsque dans la profonde nuit d’hiver une violente tempête de neige déchaîne ses rafales autour du chalet, recouvrant et dissimulant tout, c’est alors le grand temps de la philosophie. C’est alors que son questionnement doit devenir simple et essentiel. »

Martin Heidegger

« Un tel Occident est plus ancien, car plus près de l’aube et pour cela de meilleure promesse que l’Occident platonique et chrétien. »

Martin Heidegger

« L’Europe, depuis qu’elle a été nominalement christianisée, ne vit que de quelques gouttes d’élixir païen qu’elle a sauvées de la jalousie de ses convertisseurs. »

Rémy de Gourmont

« C’est considérer la terre comme référence ultime des théories, ce qui est le fondement même de la géopoétique. »

Kenneth White, Au large de l’histoire

« C’est par la Différence, et dans le Divers, que s’exalte l’existence. » Or, « le Divers décroît. Là est le grand danger terrestre. » « C’est contre cette déchéance qu’il faut lutter, se battre – mourir peut-être en beauté. »

Victor Segalen, Essai sur l’exotisme – une esthétique du divers