Pexit compte-rendu « d’ambiance » de la soirée-débat entre Stanislas de Larminat et Gauthier Bès de Berc, sur le thème de l’écologie, organisée par « Liberté politique » à la paroisse Saint-Louis d’Antin. Rédigé par plusieurs des participants, ce n’est pas exhaustif.

"Bon exposé de Gauthier Bès. Parlé des écologistes radicaux s’opposant à la PMA-GPA dans la continuité et la logique de leurs luttes environnementales, s’étonnant de ne pas en entendre parler dans le livre de Stanislas de Larminat, réduisant l’écologie aux hurluberlus sectateurs de Gaïa. Parlé d’Ellul, de « Pièces et main d’œuvre », de la logique des veilleurs, qui ont fait le chemin inverse des écolos radicaux non-chrétiens, arrivant nécessairement à la dénonciation de la technoscience et du productivisme, à partir d’un combat éthique sociétal. A exprimé à plusieurs reprises ne pas comprendre les obsessions de SL relatives à « une super-élite verte, imposant subrepticement et sournoisement ses vues à l’ensemble de la planète », voyant par contre les effets délétères bien réels et non-fantasmés de ce qu’impose l’élite planétaire financiarisée, dont font partie ceux qui contrôlent tout le paysage médiatique (cf. les actionnaires des trois grands quotidiens français, Bergé & C° et leurs amis).

François Billot de Lochner (modérateur de la soirée) a ensuite campé le décor et introduit Stanislas de Larminat en qualifiant une partie des thèses exprimées par Gauthier Bès d’ « impasse, même si à l’occasion ce peut être très joli, une impasse fleurie...Mais ce soir l’espérance se trouve plutôt à ma gauche (côté Larminat :-), c’est bizarre d’habitude ce serait plutôt à droite, mais bon… ». Le modérateur ajoutera encore espérer que les thématiques évoquées par Gauthier n’occasionneront pas des lendemains qui chantent finissant sur l’échafaud…

Après une introduction liminaire de Stanislas de Larminat évoquant « ses combats communs avec les veilleurs, au coude-à-coude face aux CRS », exposé sans surprise (a parlé bien plus longtemps que Gauthier) sur les guignols adorateurs de Gaïa, et les risques de contagion par le « syncrétisme » au sein de l’Eglise, « comme il y a 50 ans avec les infiltrations marxistes », leur « malthusianisme et antinatalisme » : « vous voyez, c’est comme avec un plan de chasse, il faut tirer autant de mâles et de femelles, sauf qu’ici c’est d’humains qu’il s’agit, mais moi j’ai confiance dans le fait que la terre peut nourrir encore bien plus d’humains ». Digression à partir du credo (« je crois en Dieu le Père, donc Gaïa, elle est de trop ». Bien vu, élémentaire mon cher Stan’…), avec quelques envolées plutôt intéressantes : « il est impossible à l’homme de détruire Dieu, donc il lui est radicalement impossible de détruire la terre, la Création, éventuellement l’abîmer un tout petit peu» (glissement dangereusement panthéiste…Stanislas serait il aussi « infiltré » par les sectateurs de Gaïa ? Là on est vraiment fichus :-), « la planète est faite pour l’homme, et pas l’inverse, nous ne devons pas nous préoccuper des conséquences de nos actes économiques », « il est impossible pour un chrétien d’imaginer un seul instant que l’homme est capable de provoquer l’apocalypse, c’est une thèse impie, seul Dieu a fixé le moment de l’Apocalypse, penser que nous sommes en mesure d’infliger l’Apocalypse à la planète, c’est penser que nous pouvons nous substituer à Dieu… » (sic), « le salut de la Création, c’est Pâques, point à la ligne, et en rien nos comportements ». Un couplet dézinguant l’origine anthropique du réchauffement climatique, il rejette les craintes quant à la réduction de la biodiversité et d’autres thèmes habituels de l’écologie environnementale.

Ce qui pose question c’est qu’il proclame urbi et orbi professer un point de vue authentiquement « catholique » sur ces questions, tout en rejetant ce que le Magistère peut dire sur ces thématiques « parce que le Concile nous a appris que le Magistère n’a pas à se prononcer sur les questions temporelles » (sic ! réitéré à plusieurs reprises). Autre ‘perle’ sur la DSE, répétée à deux reprises : « pour moi, la DSE c’est le compendium, et rien d’autre, point-barre, tout s’y trouve, comme ça je n’ai pas à me soucier d’analyser les déclarations de l’évêque x ou y » (resic ! :-). La deuxième fois, repris et contredit par François Billot de Lochner : « non, non, pour nous à Liberté Politique, la DSE c’est bien davantage que le compendium, ce sont des milliers de pages, dont des encycliques, des lettres pastorales, etc. etc. » (Stanislas tout penaud, « aurais-je dit une ânerie ? »... Pfiouu, on a eu chaud!...Espérons qu'il n'y avait aucun journaliste catho dans la salle... :-)

Après les exposés, un question-réponse bien ‘cadré’, François Billot de L. affichant un sourire Pepsodent: « je ne veux que des questions courtes, synthétiques et précises, pas d’exposé contradictoire, si cela arrive néanmoins, je serai féroce et très, très méchant … ». Questions le plus souvent adressées à Stanislas de Larminat, et généralement critiques. A plusieurs reprises, Gauthier Bès intervient pour recadrer les développements de Larminat.

Une question à Stanislas de Larminat sur « la déshumanisation de l’agriculture ». Réponse : « oui, on peut regretter le passé et les anciens paysages de nos campagnes, entretemps modifiés par l’agriculture mécanisée, j’ai moi-même encore déposé le joug d'une paire de bœufs à l’époque de ma grand-mère, ce sont de beaux souvenirs, mais aucun retour en arrière n’est possible, ne serait-ce que pour être en mesure de nourrir toute la population de la planète, nous avons besoin de cette agriculture moderne ». Une question de Dominique Lang sur le fait de savoir si SL a cherché à discuter ou dialoguer avec les nombreux catholiques pris nommément et vigoureusement à partie dans son ouvrage : « oui, j’ai cherché à les contacter, mais je n’ai jamais reçu de réponse… » Dominique Lang souriant de répondre : « et bien cher Monsieur, vous en avez un devant vous »…(blanc)

Une intervention pour relever les citations tronquées et erronées des Papes, dont celle de Jean-Paul II qui disait apparemment exactement l’inverse de ce que Stanislas de Larminat lui faisait dire. L’intervenant est interrompu et une partie du public d’âge mûr dans la salle commence à s’agacer quelque peu : « question suivante, question suivante ! ».

Après avoir relevé l’opposition de Larminat à la thèse sur l’origine anthropique du réchauffement, un intervenant évoque le fait qu’en 2009, Benoît XVI avait dépêché Mgr Migliore à la Conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique, avec le mandat de plaider en faveur de « mesures contraignantes » vis-à-vis des Etats en vue de limiter le réchauffement climatique, il parle également du document de l’Académie pontificale des Sciences portant sur l’origine anthropique du réchauffement, document salué par le Saint-Père à travers son porte-parole Lombardi, etc.), et le fait que M. de Larminat prend en la matière et sur d’autres points également (OGM, biodiversité, etc.) l’exact contre-point des positions du Magistère – et non des divergences portant sur des nuances -, tout en qualifiant ses positions à lui de « catholiques » (le modérateur essaie de l’interrompre, « venez-en à votre question svp »), «voilà la question : comment peut-on élaborer un discours revendiqué comme « catholique », tout en s’opposant de façon à peu près systématique au Magistère dès qu’on en vient à parler de questions concrètes ? »

Larminat botte en touche en expliquant qu’ « à l’occasion de Copenhague, Benoît XVI aurait exprimé qu’il est des pollutions des esprits encore plus préoccupantes que la pollution tout court » (il ne croit pas si bien dire… :-), réaction de l’intervenant : "le Saint-Père avait aussi demandé aux chrétiens de prier pour la réussite de la conférence"…Quant aux « mesures contraignantes » demandées par le Saint-Siège, pour Stanislas de Larminat, « elles portent sur les conséquences dramatiques pour les plus pauvres du réchauffement climatiques, en cas de catastrophes naturelles par exemple, et en aucun cas sur des causes éventuelles en amont » (étonnant…) Il explique ensuite que le rapport de l’Académie pontificale des Sciences n’est pas valable, « primo, parce qu’il n’a pas respecté un protocole prévoyant qu’il doit en principe être approuvé par l’Assemblée générale, et secundo, il y avait parmi les scientifiques de ladite Académie qui ont rédigé ce rapport en question un nombre important de membres du GIEC… » (le Pape serait bien avisé de mieux choisir ses amis ou ses conseillers …:-) En conclusion, il ressert sa mantra sur le thème : « le Concile nous a appris que le clergé n’a pas à se prononcer sur les questions temporelles »…:-)

Dans un autre registre, quelques mots de M. de Larminat pour marquer son opposition vis-à-vis du commerce mondialisé.

On retiendra de cette soirée, des échanges vifs et variés mais non moins intéressants entre un Stanislas de Larminat souvent mal à l’aise, sur la défensive, et un Gauthier Bès faisant passer son message, et apportant la contradiction, paisiblement, posément, appuyé par un public plutôt jeune. François Billot de Lochner également parfois un peu dépassé, quoique continuant envers et contre tout à faire contre mauvaise figure bon cœur."