Jusqu’au début de notre millénaire, Yves Urvoy menait une vie tranquille. Catholique bon teint, un fils à la Communauté Saint-Martin, une belle carrière dans l’assurance, tout souriait à ce « jeune retraité » enraciné au bord de la Méditerranée. Et puis, patatras, il s’est mis à inquiéter sa famille, fatiguer ses amis, agacer son curé… Qu’arrivait-il ? Il lui arrivait que, comme d’autres la posent à d’autres âges de la vie – mais la jeunesse d’esprit n’a pas d’âge -, il s’est mis à poser la question essentielle et pourtant refoulée, celle qui hante nos consciences verrouillées, nos intelligences aveuglées : Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il vraiment ?

Et il s’est mis à faire ce qui revient à tout laïc chrétien : « Je suis donc parti dans le brouillard, à la chasse aux idées fausses, aux fausses bonnes idées, aux sophismes, à l’ « écologiquement correct », à l’idyllisme, au lénifiant, au pontifiant, à l’incantatoire… » Et il s’est mis à chercher, à lire, à étudier, année après année, et à coucher sur le papier ses notes, ses questions, ses réflexions – à opérer un discernement de notre temps, un véritable « exercice de métaphysique critique », adossé à l’enseignement de l’Eglise et à la pensée catholique – mais aussi aux rapports scientifiques, aux analyses économiques, aux constats sociologiques.

Ce livre est le cri d’un homme qui voit ce qui est, ce qui vient, le désastre écologique, la désagrégation sociale, la défaite morale, la destruction de notre civilisation. « Cassandre ! », « réactionnaire ! », « catastrophiste ! », « prophète de malheur ! », « vieil emm… ! », ne manqueront pas d’opposer à ses raisons les partisans du colin-maillard généralisé. Auxquels il convient de rappeler la leçon évangélique : Il n’est pire sourd que celui qui refuse d’entendre, il n’est pire aveugle que celui qui refuse de voir.

Un livre énergique, plein de raison et de colère. Une lecture pour temps de crise, décapante et revigorante.

Yves Urvoy-Roslin, Le Tocsin, Société des écrivains, 2011, 374 p., 21 €