L'extraordinaire pression sentimentale et sociale, à laquelle sont soumis les Morticoles, a développé chez eux au plus haut point les désordres du système nerveux. Une perpétuelle inquiétude, le moindre bobo exagéré, traité par une dizaine de médecins contradictoires ; une activité industrielle incessante ; un frénétique désir de rapidité que manifestent et multiplient la vapeur et l’électricité à outrance, l'affaissement des âmes par l'analyse, la persuasion du fatalisme, la crainte de l'hérédité, la terreur de la mort, la certitude de l'omnipotence de la matière ; la soif a tout prix des richesses ; La nature, heurtée et violentée par la science, qui se venge en empestant les sources, l'air, la mer, en donnant aux animaux des maladies hideuses, qui viennent de l'homme et retournent à l'homme (…) telles sont les causes générales de ce dérangement.

Léon Daudet, Les Morticoles, 1894.