La colère contre la hausse du prix des transports, décrétée au début du mois, et les dépenses somptuaires engagées pour l'organisation de la Coupe du monde de football de 2014, ne redescend pas au Brésil. Le mouvement, qui a pris un nouveau visage après les accusations de violences policières contre les manifestants, a été débordé cette nuit par des groupes de casseurs qui ont multipliés incendies et affrontements avec les forces de l'ordre à Rio de Janeiro.

La manifestation, qui avait débuté pacifiquement, avait réuni à Rio dans l'après-midi de lundi près de 100.000 personnes. «Viens, viens, viens dans la rue, viens!», scandaient les manifestants, principalement des jeunes, tandis que les employés jetaient depuis les fenêtres de leurs bureaux du papier blanc réduit en confettis. «Je suis ici pour montrer que le Brésil n'est pas seulement le pays du football et de la fête. Ici, nous avons d'autres préoccupations, comme le manque d'investissements dans des choses réellement importantes comme la santé et l'éducation», a expliqué à l'AFP un jeune diplômé en droit.

Un groupe de manifestants violents s'est mis à incendier des voitures, des poubelles, et à piller des magasins et des distributeurs de billets sous les huées des autres protestataires. Les casseurs s'en sont pris aux policiers en leur jetant des cocktails Molotov, mais aussi des noix de coco. Les forces de l'ordre ont répliqué à coup de gaz lacrymogène, de tirs de balles en caoutchouc, mais aussi avec des tirs en l'air à balles réelles.

Le groupe violent a tenté de s'introduire au siège du gouvernement de l'Etat de Rio, où s'étaient retranchés près de 80 policiers, dont une vingtaine ont été blessés. Les forces de l'ordre ont réussi à reprendre le contrôle de la situation vers minuit, et ont procédé à plusieurs arrestations.



A Sao Paulo, capitale économique du pays, 60.000 personnes ont défilé sans incident dans le centre-ville, bloquant la circulation sur l'immense avenue Paulista. A Brasilia, capitale politique du pays, des milliers de manifestants ont marché dans le quartier des ministères. Près de 200 d'entre eux ont réussi à monter sur le toit du parlement pour entonner l'hymne national, avant d'en redescendre spontanément. La rencontre de football Nigeria-Tahiti, dans le cadre de la Coupe des conférération, a failli être pertubée par une manifestation près du stade, à Belo Horizonte.

Ce mouvement populaire est le plus important depuis les manifestations dirigées en 1992 contre la corruption du gouvernement de l'ex-président Fernando Collor de Melo.