En réalité nous nous sommes comportés avec les fascistes de façon raciste: nous avons voulu croire hâtivement et cruellement qu’ils étaient prédestinés à être fascistes, et que face à cette décision de leur destin il n’y avait rien à faire. Et ne nous le cachons pas: nous savions tous, dans notre conscience profonde, que lorsque l’un de ces “jeunes” décidait d’être fasciste, c’était par hasard, ça n’était qu’un geste, immotivé et irrationnel: il aurait suffit peut-être d’un seul mot pour que cela n’arrive pas. Mais aucun d’entre-nous n’a jamais parlé avec eux.

Pier Paolo Pasolini, Le Pouvoir sans visage, Corriere Della Sera, le 24 Juin 1974.